Voici un tuto photo destiné à apprendre à photographier les graffiti urbains, œuvres incontournables du Street Art. Lorsque l’art photographique rencontre l’art urbain les résultats sont forcément intéressants.
J’ai choisi d’illustrer ce tutoriel avec des photos que j’ai prises à Sète. J’ai eu la surprise de constater que la ville disposait de tout un ensemble de fresques murales visibles à l’aide d’un parcours dédié. Le graffiti est un domaine qui me fascine et le prendre en photo est toujours un plaisir pour moi. Je trouve que leur mise en valeur en image requière souvent beaucoup d’efforts. Il faut alors faire appel à tout son pouvoir créatif pour ne pas dénaturer la force de ces œuvres.

Pourquoi un tuto pour photographier des graffiti ?
J’ai souhaité vous faire part de mon expérience avec cet article décliné sous forme de tutoriel pour vous guider dans le cas très particulier de la photo de graffiti.
Je suis persuadée qu’un tutoriel permet de « visualiser » avec simplicité ce qu’il convient de faire.
Si vous suivez régulièrement le blog, vous savez déjà que j’accorde une grande place à ce format d’articles : vivants et très visuels.
Chaque premier mercredi du mois j’écris un article de ce type, sous forme de petit tuto photo assez court mais intense en informations. Ils sont très efficaces. Et je sais qu’ils apportent énormément aux débutants. Leur intérêt et leurs qualités d’apprentissage ont fait leurs preuves auprès de nombreux photographes. Et de la même façon, ils vous permettront de progresser vous aussi, c’est une évidence.
Lorsque j’ai commencé la photographie, j’étais en attente de ce genre de support didactiques pour progresser mais j’en ai peu trouvé.
Dans ce tutoriel, j’évoque deux notions importantes de la photographie (+ une notion plus subjective) qui permettent de faire des photos de graffiti de manière créative :
- le cadrage et l’angle de prise de vue
- les détails
- le heureux hasard
Sète et ses graffiti, musée à ciel ouvert
Aujourd’hui je vous propose une approche de la photo de graffiti à travers mes pérégrinations dans les rues de Sète, sur les pas du MACO (« Musée A Ciel Ouvert »).
La ville est idéale pour une telle approche avec plus d’une trentaine d’œuvres disséminées dans toute la ville. Elles se découvrent au détour d’une ruelle ou bien visibles sur certains grands axes.
Leurs couleurs (rares sont les graffitis en noir et blanc même si cela existe et certaines sont de toute beauté) égaillent les villes et attirent l’œil du photographe.
Cadrage et angles de prise de vue pour photographier les graffiti
A Sète, comme dans tous les lieux urbains qui accueillent du Street Art, plusieurs choix s’offrent au photographe :
- se limiter à la photo de l’œuvre seule
- intégrer l’œuvre dans son environnement urbain
Il n’y a pas, bien sûr, de bonne ou mauvaise façon de faire. Il suffit seulement opter pour une méthode. Mais vous le savez, la photographie, et son résultat final surtout, est la somme de nombreux choix tout au long du processus photographique…
Cadrage serré
Un cadrage serré a pour effet de focaliser l’attention sur le seul graffiti.

Le sujet est le graffiti lui-même. Ainsi toute l’attention du spectateur est dirigé sur l’œuvre et uniquement elle.
Ce type d’images se présente comme une sorte de catalogue, presque comme un répertoire de graffiti. Le travail peut être considérer comme informatif, sans que cette appellation ne soit péjorative.
Il s’agit d’une approche particulière qui, à mon sens, ne fait pas appel, tant que cela, à vos qualités originales ou à votre créativité. Elle revêt cependant un grand intérêt dans certaines circonstances.
Cadrage large
Ce type de cadrage permet d’inclure les graffiti dans leur environnement. L’image est alors à propos d’un graffiti dans l’espace urbain.

La ville, de par ses nombreuses infrastructures (bâtiments, mobiliers, fils électriques…), est un espace contraignant avec lequel il faut composer.
Ici, par exemple, un cadrage large ne peut pas empêcher la présence de ce bout de toit sur la partie basse de l’image, à droite.
Le cadrage large a pour effet principale de donner une échelle qui permet d’apprécier la grandeur de l’œuvre. Sans cela, il est impossible de se faire une idée de la taille d’une fresque murale.
Mais parfois, l’œuvre prend tout son sens, si justement, elle est appréhender dans son environnement global. L’auteur donne une valeur symbolique à son travail parce qu’il se trouve à un endroit précis.
L’image ci-dessous ne vient pas de Sète mais elle illustre parfaitement ce que je viens d’évoquer.

Angles de prise de vue
Photographier des graffiti n’est pas une pratique passive. Comme pour tout autre sujet, l’angle de prise de vue a un impact sur le résultat final.
Comme je le répète souvent, bouger de quelques pas (en avant, en arrière ou sur les côtés) peut complètement changer le résultat. Et ceci est d’autant plus vrai lorsque vous réfléchissez à une composition qui vise à inclure ou exclure certains éléments qui s’imposent dans le cadre.
De la même manière, la contre-plongée est un angle qui convient bien aux graffiti, et tout particulièrement lorsque la fresque est monumentale… Veillez toutefois à garder un recul suffisant sous peine que la lecture de l’image ne soit trop complexe, dû à la déformation des perspectives…

Photographier les détails des graffiti
La qualité d’exécution de certaines fresques murales de grande taille donne à certaines parties de l’œuvre une véritable puissance émotionnelle. Le photographe peut la mettre en avant en zoomant sur des détails forts.
Je photographie beaucoup d’art urbain. Et chaque fois qu’une fresque me touche, il n’est pas rare que j’immortalise certaines zones, comme une œuvre dans l’œuvre.


Mettre le focus sur les détails, représente pour moi un grand attrait plaisir. Lorsque la prise de vue se fait très près du mur, avec une belle netteté, je trouve que distinguer les aspérités du support apporte encore davantage d’émotion…
Les heureux hasards dans la photographie de rue
Photographier les graffiti est un des sujets particulier de la photo de rue. Si vous avez l’habitude de photographier dans la rue, vous savez déjà combien ce qu’elle contient peut être inattendu…
Les lecteurs de cet article ont également consulté : « 5 conseils pour débuter la photo de rue »
Par essence, la rue est le lieu d’interactions multiples entre les humains mais aussi les choses qui s’y trouvent, qui déambulent, qui stagnent…
En bref, la rue est un immense terrain de jeu…
J’ai eu la chance, à Sète, d’assister à un de ces moments heureux : des couleurs qui se répondent afin de donner une parfaite harmonie à mon image, et ce grâce à la simple présence d’un scooter rouge…

Ici, la fresque est composée de seulement quelques couleurs (des bleus, un rouge, un noir et un beige) qui se retrouvent parfaitement dans l’environnement proche :
- rouge : sur le scooter, type Vespa
- bleu : sur les volets au-dessus du scooter, les volets sur le mur en prolongement, le pot sur le balcon
- noir : sur les pneus et la selle du scooter
- beige : sur les murs
Marcher les yeux levés ou toujours à l’affût pour photographier les graffiti
Sensible à l’art urbain, je suis toujours à la recherches de graffiti. Ici, j’ai beaucoup parlé de grandes fresques mais des travaux plus discrets et cependant très créatifs sont accessibles pour le photographe curieux. Il peut s’agir de collages, de pochoirs, de mosaïques…
Notre enjeu en tant que photographe est de faire preuve de suffisamment de créativité pour mettre en image la créativité d’un autre… (cependant veillez à respecter la loi concernant la propriété intellectuelle en la matière). Mais pour cela il faut ouvrir les yeux et regarder la rue avec son œil de photographe.
« Les photographes que j’aime le plus sont ceux qui me montrent quelque chose que je ne puis voir autrement »
Ralph GIBSON
Photographier des graffiti revient à extraire l’essence d’une œuvre pour la mettre en image et en partager sa propre vision. Je crois que c’est pour cela que j’aime mettre l’accent sur des détails. Ils ont peut-être échappé au simple promeneur… celui qui ne vit pas l’œil collé au viseur, à l’affût, comme les photographes que nous sommes… 😉
Cet article m’a beaucoup intéressé parce que je suis admiratif des graffitis et des fresques murales. J’ai toujours opté pour le cadrage serré. En post traitement, je redresse les défauts de perspective, je corrige la luminosité j’élimine les éléments « parasites » (véhicules, fils électriques,…) et je ramène l’oeuvre de l’artiste à la présentation d’un tableau. L’approche du cadrage large, des prises de vue insolites est nouvelle pour moi, je vais en tenir compte dans le traitement (ou non) des nombreuses photos de fresques murales que j’ai « en stock »
les libertés de cadrage permettent des approches très diverses d’une oeuvre murale dans son environnement… des idées créatives de prise de vue et de mise en scène feront le reste…