Le cadre est, pour le photographe, l’endroit où se crée une photo et exclure des éléments non essentiels relève de son choix personnel. C’est son rôle de décider de ce qui doit faire partie du cadre et ce qui ne doit pas y figurer. C’est ainsi qu’il construit son image.
Le photographe est responsable de nombreux choix dont celui d’exclure certains éléments non pertinents pour la compréhension de l’image. Dans un article précédent, j’évoquais comment le photographe était responsable de ce qu’il décidait d’inclure dans le cadre. Ces deux articles sont évidemment complémentaires et étroitement liés. Vous ne pouvez pas lire l’un sans l’autre si vous souhaitez avoir une vision globale de cette notion fondamentale qu’est le cadre. J’ai sciemment adoptée la même structure pour les deux articles afin de souligner les parallèles qui existent entre des idées apparemment opposées… Et pourtant tellement complémentaires.
Le cadrage, première étape pour exclure
Choisir un type de cadrage plutôt qu’un autre se révèle déjà être une décision qui permet d’exclure des éléments du cadre.
Les orientations en format « portrait » (dans la hauteur) ou « paysage » (dans la longueur) permettent chacune à leur façon d’exclure du cadre des éléments alentours indésirables. Par indésirables, j’entends qui n’apportent rien à la photo, voire même la dénature.
Le format retenu (standard, carré, 16/9…) joue le même rôle. C’est ainsi qu’en sélectionnant un format, nous pouvons exclure du cadre ce qui ne nous convient pas.
Le plan retenu est encore plus sélectif car il permet de se focaliser sur le sujet et d’exclure du cadre tout ce qui n’est pas lui en réduisant le champ de vision du spectateur avec un gros plan ou un plan serré, par exemple.
Les photos ci-dessous vous présentent différents plans (large, serré, très gros plan) d’une oeuvre de street art de l’artiste Le Môme afin d’imager cette notion. Il est évident que le fait d’exclure du cadre certains éléments alentours modifie considérablement le message du photographe et le ressenti du spectateur.
La composition, exclure du cadre
La composition est le fait d’arranger les éléments dans le cadre, les uns par rapport aux autres, afin de parvenir à l’image que le photographe souhaite réaliser.
Dans ce travail minutieux, il y met sa vision du monde. Et celle-ci ne peut s’exprimer que s’il retient et intègre dans le cadre les seuls éléments qui vont dans ce sens.
Il est souvent plus compliqué d’exclure que d’inclure.
Le travail de composition s’organise souvent autour du sujet de l’image. Une fois celui-ci défini, les éléments retenus pour l’accompagner dans le cadre doivent le servir. C’est-à-dire que chaque élément a une légitimité à être dans le cadre parce qu’il aide le spectateur à mieux saisir le sujet. Chaque élément du cadre a un rôle à jouer pour la compréhension de l’image.
Tous ceux qui ne servent pas cette compréhension et le sujet sont à exclure. Cela parait simple en le disant mais en pratique c’est souvent bien plus difficile… Pourquoi ? Parce que nous avons tendance à privilégier le « plus » plutôt que le « moins« .
Cependant, il existe une branche de la photographie qui y parvient parfaitement… C’est la photographie minimaliste. Le message passe avec un minimum d’éléments dans le cadre. Ce peut être un bon exercice que de pratiquer la photographie minimaliste pour s’entrainer à exclure du cadre les éléments inutiles.
Les lecteurs de cet article ont également consulté : « Les secrets de la photo minimaliste ».
Le regard dans le cadre
Le regard du spectateur circule dans le cadre afin de procéder à une lecture de l’image. Il l’explore en suivant certaines règles. Le regard ne divague pas dans le cadre au hasard. Il est capté par les éléments présents dans le cadre.
Une grosse erreur serait de « perdre » le spectateur avec des éléments présents dans le cadre qui n’apportent aucune compréhension, voire même qui pourraient compliquer la lecture !
Une lecture confuse, entravée par des éléments qui n’ont rien à faire dans le cadre, dilue le message que le photographe souhaite faire passer.
Un regard happé par des éléments inutiles ne va pas là où il devrait aller. Il peut être découragé par un brouhaha d’éléments inconséquents qui prennent pourtant toute la place dans le cadre et passer son chemin. Cela revient à ignorer une image, passer dessus sans la voir. Et l’indifférence du spectateur est un échec pour le photographe qui vise à retenir l’attention, pour provoquer une émotion.
Voilà pourquoi exclure le superflu du cadre est juste indispensable ! En photographie, le « plus » est l’ennemi du « bien » !
Le recadrage
Même si le recadrage peut être une ultime tentative pour exclure du cadre certains éléments indésirables, ces effets restent cependant très limités.
Certes vous pouvez rogner les bords ou faire disparaitre certains éléments grâce à Photoshop, mais cela demeurent un « cache misère » de dernier recourt. Pour ma part, je n’utilise pas Photoshop pour la retouche de mes images, quel que soit le problème : « quand c’est raté, c’est raté ! » Je cherche plutôt à faire mieux la prochaine fois en essayant d’apprendre de mes erreurs.
Les lecteurs de cet article ont également consulté : « 3 erreurs que j’ai du corriger ».
Evidemment, il est toujours plus judicieux de procéder à un cadrage correct dès la prise de vue, en excluant du cadre d’emblée ce qui n’a rien à y faire.
Un recadrage en post-traitement s’accompagne la plupart du temps d’une perte en qualité de l’image. C’est pourquoi s’assurer d’avoir fait les meilleurs choix de composition avant d’appuyer sur le déclencheur est toujours la meilleure option…
Exclure l’inutile du cadre
Le photographe recherche l’efficacité afin de transmettre au spectateur sa vision du monde, son message, une émotion…
C’est pourquoi la question qui consiste à inclure ou exclure du cadre certains éléments plutôt que d’autres est primordiale.
Une image réussie ne doit comporter que les éléments indispensables à sa compréhension. L’exclusion du superflu peut se révéler difficile mais elle n’en demeure pas moins nécessaire.
Brouiller le message par des éléments incongrus ou juste inutiles ne sert pas l’image.. Et encore moins l’impact qu’elle peut avoir sur le spectateur.
Le photographe, par ses choix d’inclusion et/ou d’exclusion, rend son image plus forte, plus lisible. Des choix affirmés lui permettent de ne pas diluer son message dans un amas d’éléments, certes peut-être intéressants dans d’autres circonstances, mais pas ici, dans cette image.