Comment évaluer ses progrès en photographie ? Autant pour de nombreuses disciples cela paraît relativement facile. Autant pour la photographie cela semble plus ardu. En sport, le résultat d’un chronomètre, par exemple, annonce immédiatement le verdict. En musique, un morceau parfaitement exécuté témoigne d’une progression dans la pratique. Mais dans le domaine de la photo, comment savoir ?
En photographie, nous partons d’un point de départ (la découverte de cette pratique) que j’appellerais le point 0. De là, tout commence. Je laisse de côté l’apprentissage et la prise en main de l’appareil photo qui ne relèvent pas à mon sens de la photographie en elle-même, de la photographie « artistique » que vous devez pratiquer si vous lisez cet article. Qu’il s’agisse d’un reflex, d’un hybride ou même d’un compact, connaitre la fonctionnalité des boutons est un basique. Vient ensuite la photographie à proprement parlée…
Et c’est précisément cette aptitude que nous cherchons sans cesse à quantifier afin de situer nos progrès. Mais je crois qu’il faut se poser les bonnes questions et elles se présentent davantage en terme d’évolution que d’évaluation… C’est du moins ainsi que je l’entends.

L’évolution de nos progrès en photographie
Prendre une photo est à la portée de n’importe qui… Même un petit singe peut appuyer sur le déclencheur et réaliser un selfie (il existe plein de clichés, sur le net, qui en témoignent).
Cependant, celui qui adopte une approche artistique de la photographie et qui souhaite évaluer ses progrès doit être attentif à certains indicateurs. Eux peuvent l’informer sur ses qualités de photographe.
L’intention photographique
J’aborde souvent la notion d’intention photographique car elle représente, à mon sens, la juste différence entre le photographe et celui qui prend des photos. La démarche de chacun d’entre eux est tout à fait légitime et louable. Cependant, la finalité est bien différente : un acte de création pour l’un et l’accumulation de souvenirs pour l’autre.
Une photo qui fonctionne est une photo qui ne laisse pas indifférent le spectateur. Le photographe, par le biais de son support de prédilection, transmet un message ou du moins une vision. Cette dernière peut être esthétique, journalistique, philosophique, ethnologique… et/ou bien sûr artistique…
Il s’agit d’un point primordial, à mon avis, un indicateur fiable de l’évolution de votre pratique photographique. Quelle était votre intention au moment d’appuyer sur le déclencheur ? Ou du moins en aviez-vous une ?
Les éléments du cadre
Le photographe débutant fait souvent preuve d’un défaut flagrant : il cherche à mettre le maximum de choses dans le cadre. C’est à cela que nous le remarquons.
Or en photographie, « plus » n’est pas synonyme de qualité, bien au contraire :
- trop d’éléments présents dans le cadre diluent le message jusqu’à le rendre inexistant, voire difficilement compréhensible
- le sujet peut perdre de sa force et donc de son impact ; s’il ne s’impose pas de lui-même et que le spectateur hésite à le définir, alors c’est raté !
- le regard du spectateur traverse l’image de part en part sans trouver à « s’accrocher » sur ce qui est sensé avoir de l’importance
Très souvent, un photographe accompli ou en devenir est capable de « faire du ménage » dans son cadre afin d’en exclure tout le superflu pour ne conserver que l’essentiel. La pratique photographique ne sort pas gagnante d’une sorte d’esbrouffe ou de poudre aux yeux.
En prenant en compte les éléments qui composent le cadre, vous êtes à même d’évaluer vos progrès en photographie.
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L’expérimentation photographique
Si le débutant a parfois tendance a se complaire dans ce qu’il sait faire (et c’est bien au début pour asseoir de solides bases), celui qui a dépassé ce stade n’hésite pas à se lancer dans des expérimentations qui l’emmène plus loin, hors de sa zone de confort.
Progresser demande des efforts et des prises de risque. Si vous restez sur vos acquis, alors pas la peine d’aller plus loin : je vous garantis que vous ne faites pas de progrès et que vous n’évoluez pas ! Oui, je sais qu’il s’agit d’un constat sévère mais il est juste…
L’expérimentation est peut-être la notion avec laquelle il vous sera le plus facile de quantifier vos progrès en photographie. Elle s’expose en deux temps :
- vous testez une nouvelle technique (par exemple le low-key…) ou vous vous initiez à une nouvelle « branche » de la photographie (le portrait, le minimalisme, le paysage…)
- si vous échouez, c’est que vous n’avez pas progressé dans ce domaine
Et que faire alors ? Et bien, persévérer ! Surtout ne pas passer à autre chose. Continuez jusqu’à ce que vous intégriez cette nouvelle étape dans votre apprentissage.
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Le challenge ou le projet photographique
J’ai décidé de différencier ces deux notions car elles ont pour moi des significations un peu différentes.
Le challenge
Le challenge va vous permettre d’aller au-delà de vos habitudes de prises de vue en vous infligeant des contraintes. Et celles-ci vont justement vous aider à expérimenter… On ne viendrait pas justement d’en parler ?… Et oui tout ce tient…
C’est pourquoi je propose, à ceux qui me suivent régulièrement, un nouveau challenge chaque week-end. C’est l’occasion de se confronter à de nouvelles contraintes chaque semaine.
La ou les contraintes qu’impose un challenge obligent à faire un vrai travail sur sa créativité.
Les lecteurs de cet article ont également consulté : « De la contrainte naît la créativité ».
Le projet photographique
Un projet peut être un challenge en soi dans la mesure où il va vous pousser à vous dépasser, à sortir de la pratique quotidien afin d’accéder à un niveau suppérieur.
Se lancer dans un projet photographique peut prendre plusieurs dimensions, mais chacune est garante d’une véritable évolution dans votre pratique.
Un projet peut prendre la forme d’une « simple » série comme il peut engendrer la réalisation d’une exposition ou d’un ouvrage. L’enjeu n’est peut-être pas le même mais la démarche est similaire et louable.
Mener à bien un projet d’envergure (toute proportion gardée et toujours adaptée à vos capacités) montre sans conteste que vous évoluez dans votre pratique.
Des progrès en photographie chaque jour
En photographie, comme dans tous les domaines d’ailleurs je crois, une pratique régulière et réfléchie amène forcément des résultats en terme de progression, d’aptitude, de qualité.
La photographie est un long voyage. Nous pouvons apprendre toute notre vie sans jamais arriver au bout de ce qu’elle a à nous offrir.
« Je me considère toujours comme un amateur aujourd’hui, et j’espère que je le resterai jusqu’à la fin de ma vie. Car je suis éternellement un débutant qui découvre le monde encore et encore. »
André KERTESZ
Si André Kertész se considérait comme un amateur, qu’en est-il de nous, pauvres vrais photographes amateurs ? N’ayez crainte, une vie entière nous sera nécessaire pour voir nos progrès nous accompagner.
Cependant, être amateur ne signifie pas que nous ne fassions pas les choses avec sérieux, avec le désir de progresser et constater ces progrès. C’est toujours très valorisant de voir d’où nous sommes parti et où nous sommes, pour l’instant, parvenu… Même si finalement, cela n’est pas si important…
Car comme le dit le proverbe : « Ce n’est pas l’étape finale qui importe mais le voyage en lui-même ».