Je profite d’un voyage de style Road Trip en Islande pour vous proposer un nouveau tuto photo. C’est l’approche incontournable selon moi pour progresser en photographie.
Cet article plein de bons conseils s’inscrit dans la catégorie ERREUR/SOLUTION. Tous les tutos photo sont rassemblés au même endroit afin que vous puissiez les retrouver plus facilement.
Si vous suivez le blog vous savez pourquoi un tuto photo a tant d’importance à mes yeux pour votre progression dans la pratique de la photographie.
Deux directions s’offrent à nous :
- apporter des conseils judicieux qui permettent de progresser en améliorant la qualité de vos photos.
- déceler les problèmes rencontrés ou les erreurs commises et apporter des solutions immédiates.
Je vous propose avec le tuto photo une manière ludique, simple et visuelle d’apprendre et de progresser.
Dans l’article du jour, nous abordons 3 notions importantes :
- la présence de l’humain dans le paysage
- les courbes dans le cadre
- le 1er plan
Raod Trip en Islande
L’Islande est cette petite ile de 102 000 km² qu’occupent 330 000 habitants. De par ses paysages vastes et sauvages, ce pays était pour moi un lieu qui m’avait toujours attirer. J’y ai donc organisé un road trip en famille. Nous avons beaucoup roulé sur des routes désertes. Nous avions d’ailleurs une devise très significative : « personne devant, personne derrière, personne à droite, personne à gauche ». Et c’est bien la réalité la plupart du temps…
Il me semble indispensable de préparer son voyage en Islande un peu en amont. Tant de sites à voir et d’expériences à vivre ; il serait dommage de passer à côté…
Pour ma part j’ai deux regrets : avoir raté la possibilité de faire du snorkeling dans la faille de Silfra et ne pas être allée jusqu’au bout de la minuscule route qui mène à Laugar et ses sources chaudes dans le Landmanalaugar.
Photographier l’Islande
Photographier en Islande revient à faire de la photo de paysage, avec toutes les règles qui s’y rapportent. J’évoquerai avec davantage de précisions d’ailleurs celles-ci dans un prochain article.
Les contraintes
Je n’ai pas vraiment rencontré de contrainte à photographier en Islande. Certes il y a quelques touristes dans les lieux les plus prisés mais l’affluence étant somme toute assez raisonnable, ils ne représentent pas un problème à gérer. Un peu de patience suffit en général pour profiter seul de points de vue et sites prodigieux.
Cependant, la variété et la beauté des paysages sont pourtant à l’origine de deux inconvénients majeurs [ironie ;-)] :
- la carte mémoire peut rapidement être pleine avant la fin de la journée.
- la batterie ne tient parfois pas toute la journée.
SOLUTION :
- emporter plusieurs cartes mémoires.
- disposer de deux batteries chargées.
En plus, la saine habitude de disposer de plusieurs cartes mémoire évite de perdre toutes ses photos d’un seul coup si un problème survient sur une des cartes. Je conseille toujours de privilégier deux cartes de 32 GB plutôt qu’une de 64 GB.
Lors d’un road trip, quelle que soit la destination, vous devez chaque soir :
- vider les cartes mémoire sur un ordinateur puis les transférer sur un disque dur. Deux lieux de stockage permettent d’éviter toute perte irréparable.
- remettre vos batteries à charger toute la nuit sur un chargeur double. Il est toujours utile de disposer de deux batteries. C’est un investissement qui en vaut largement le coup.
Tuto photo en Islande : insérer de l’humain dans le paysage
La question se pose toujours : faut-il ajouter oui ou non des personnes sur une image de paysage ? Les avis sont partagés la plupart du temps.
J’ai simplement une question en retour : à quel usage sont destinées ses photos ? En règle générale, la réponse à cette question suffit à prendre la décision de mettre ou pas un personnage dans le paysage.
Pourquoi opter pour la présence de l’humain ?
Donner une échelle
Le plus souvent, la présence humaine permet de préciser une échelle de grandeur. Cet ajout donne de ce fait une information supplémentaire au spectateur.
Devant un paysage grandiose, le spectateur peut ne pas évaluer correctement des distances. Il serait dommage que celui-ci passe devant la dimension extraordinaire d’un lieu.
C’est une manière efficace pour donner des repères au spectateur.

Si le paysage est dépourvu de végétation, l’humain devient alors la seule possibilité d’insérer un élément d’échelle des mesures.
Mettre l’Homme et la nature en parallèle
Cette insertion de l’Homme dans l’image permet également de le présenter dans son environnement, aussi grandiose soit-il.
Pour un amoureux et défenseur de la nature, ce parallèle est un message souvent un peu engagé du genre : « regardez comme l’Homme est petit devant la nature ! ».
Ce peut être une volonté de repositionner l’Homme à sa juste place.

Pour que l’effet soit parfait, la petitesse de l’Homme doit être frappante.
SOLUTION :
- prendre la photo en grand angle pour englober la nature le plus possible
- prendre le cliché en plongée pour « aplatir » davantage l’humain, symboliquement comme un regard « divin »
L’émotion
Mais l’approche peut aussi être plus philosophique qu’écologique en montrant la solitude de l’homme face à la démesure du paysage.
Cette composition de l’image donne une atmosphère propice à l’émotion. Chacun pouvant être renvoyé à sa propre solitude face à la nature. Bien sûr cette émotion ne sera perçue que par un spectateur sensible à cette approche.
La place de l’humain
Lors de la prise de vue, il ne faut pas oublier que l’humain présent sur une photo de paysage n’est qu’une référence. En aucun cas il ne s’agit du sujet principal. C’est pourquoi il faut veiller à bien lui donner une place de référent. Il ne doit surtout pas prendre une place trop importante dans le cadre
Sa présence ne doit absolument pas détourner le regard du véritable sujet de l’image. Donc exit les photos où les personnes positionnées en 1er plan cachent la moitié du paysage…
SOLUTION :
- le placer idéalement à gauche ou à droite, dans un tiers de l’image
- il doit apparaitre au loin
- ne pas le centrer dans le cadre
Tuto photo en Islande : les courbes naturelles
L’Islande, hormis la route n°1, se parcourt essentiellement sur des petites routes tantôt sinueuses, plus ou moins praticables, mais toujours magnifiques, tantôt droites à l’infini.
Le dynamisme de l’image
Ces routes et chemins sont une invitation pour le regard à se déplacer dans le cadre. Elles apportent un dynamisme à l’image par le déplacement du regard.
Par essence, une photo est une image figée. Les courbes insufflent à l’image le dynamisme qui permet de donner une émotion particulière.

Les lignes courbes sont très présentes dans la nature. Elles sont le symbole de la douceur, du mouvement doux et sensible. Le regard est naturellement capté et transporté par ce genre de lignes toutes particulières.
Dans un paysage aussi « mystérieux » que celui d’Islande, et beaucoup d’autres lieux sont imprégnés de ce même mystère, le regard est emmené vers on ne sait où… C’est une sorte de voyage onirique dans le cadre.
Si la composition est parfaitement réfléchie avant la prise de vue, le regard est naturellement transporté à travers le cadre jusqu’au sujet de l’image.

Le sens de lecture d’une image
Selon les conventions de lecture locales, l’image n’est pas appréhendée de la même manière.
En Occident où l’alphabet latin prime, la lecture s’effectue de haut en bas et de la gauche vers la droite.
Sans la présence dans le cadre d’éléments directeurs (comme les courbes), la lecture d’une image se fait dans le même sens que la lecture d’un texte.
Ceci signifie que les éléments en haut à gauche attirent le regard en premier. Or le talent du photographe vient modifier cette lecture basique. Lors de la composition de l’image, il assemble les éléments entre eux de manière à ce que le regard du spectateur se dirige d’emblée sur le sujet.
SOLUTION :
- définir clairement le sujet
- cadrer les courbes selon la direction souhaitée
Les lignes directrices
Les lignes tout comme les courbes (qui ne sont en fait que des lignes courbées) dirigent le regard dans le cadre.

Avec les lignes droites, il est possible d’ajouter de la symétrie, créant ainsi une image puissante et forte. Si elles débordent sur les coins inférieurs, comme ci-dessus, l’effet est encore plus criant.
La sensation du spectateur est alors bien différentes de celle qui émane des courbes. L’image est plus directive. Elle devient le sujet centrale qui sert un paysage.
Je trouve qu’il est toujours très intéressant de faire ressentir au spectateur des sensations différentes d’une photo à l’autre.
Tuto photo en Islande : le premier plan
Une image se construit grâce aux plans qui la composent : premier plan, plan moyen (contenant souvent le sujet principal) et arrière-plan.
Une image en 2D comme la photographie arrive à donner l’impression de profondeur grâce à la succession de ses plans.
Pourquoi insérer un premier plan ?
Le 1er plan est le premier point d’accroche du regard c’est pourquoi il est si important. Il doit être très soigné car il représente pour le spectateur une sorte de porte d’entrée dans l’image.
Le 1er plan peut avoir plusieurs utilités :
- apporter une information supplémentaire, utile à la compréhension de l’image
- diriger le regard s’il est composé de lignes ou courbes
- être esthétique en apportant couleurs, textures…
- combler un grand vide pour mieux équilibrer l’image
- créer un cadre dans le cadre
Une information supplémentaire
Le 1er plan peut enrichir l’image d’un détail qui peut avoir son importance pour appréhender la photo dans sa globalité. Une information qui peut paraitre minime au premier abord devient une donnée qui enrichit la compréhension. Elle peut en dire davantage sur l’intention photographique.

Sur l’image ci-dessus, la barrière qui apparait en 1er plan indique que nous ne sommes pas en présence d’un cheval sauvage : c’est une information ! Ce n’est pas l’information du siècle et pourtant elle a sont intérêt… L’information ne doit pas forcément être spectaculaire pour être utile.
Le 1er plan commence, par sa simple présence, à raconter une histoire, celle de l’image. Et il faut bien garder à l’esprit que la photographie a pour but de raconter une histoire au spectateur. C’est pourquoi chaque élément du cadre a son importance et son rôle à jouer.
Des lignes directrices
Les lignes en 1er plan permettent d’entrée dans l’image selon la volonté du photographe. En les choisissant comme 1er plan, il sait très bien qu’elles vont transporter le regard dans le sens de leur prolongement.

Sur cette image, la barrière dans le coin inférieur droit, en plus d’être une ligne, est surtout quasiment une diagonale. Cette dernière fait partie des lignes les plus directives pour le regard.
Et l’effet est flagrant ! Le regard est happé dans la direction que pointe la barrière.
Enrichir la composition avec un premier plan
Même un 1er plan relativement simple permet de donner à l’image un sentiment de composition réfléchie et pensée dans le but d’apporter quelque chose en plus, comme de l’esthétisme.

Le 1er plan évite le vide de certaines grandes étendues (eau, champ…) monochromes. Ceci se retrouve et s’applique aussi à l’image ci-dessus par exemple.
Il va surtout créer de la profondeur dans l’image grâce à la succession des plans photographiques.
Il peut apporter des nuances de couleurs en venant agrémenter les grandes étendues.

Pas de premier plan : et bien créez-le !
Certains photographes ne conçoivent pas une image sans 1er plan pour un meilleur équilibre de l’ensemble.
Dans ce cas-là un simple changement d’angle de prise de vue peut y remédier. Faire quelques pas de côté peut modifier l’approche et permettre d’inclure un 1er plan à l’image.
Mais pourquoi ne pas créer son 1er plan si cela vous semble vraiment nécessaire… Dans la nature vous pourrez facilement positionner, devant la scène que vous souhaitez photographier, une branche, des cailloux ou toutes autres végétaux afin d’inclure un 1er plan à l’image. Cependant faites très attention à ne pas saccager la nature en arrachant des plantes juste pour agrémenter une photo !
Premier plan net ou flou ?
Il n’y a pas de bonne réponse à cette question ! Tout dépend de la volonté du photographe, de son intention.
Si nous admettons que le 1er plan n’est pas le sujet et que le sujet doit obligatoirement être d’une parfaite netteté pour s’affirmer, alors il y a deux alternatives pour le 1er plan : net ou flou.
SOLUTION :
- net comme l’ensemble de l’image avec une grande profondeur de champ (et donc une petite ouverture de diaphragme comme f/22 par exemple).
- flou (ou bokeh) avec une profondeur de champ réduite et une mise au point sur un sujet éloigné du 1er plan.
Qu’en est-il de vos premiers plans ?
Êtes-vous un adepte des 1ers plans ? Si oui, pourquoi ? Et si non, pourquoi pas ?
Nous venons de voir ensemble la valeur esthétique, informative et directive du 1er plan.
Je vous conseille d’en user sans en abuser car il doit avoir sa légitimité dans le cadre. Insérer un 1er plan juste pour avoir un 1er plan n’est pas très judicieux pour la qualité de vos photos. N’oubliez jamais que c’est un élément qui va d’emblée capter le regard… Donc autant qu’il soit utile pour la lecture de l’image et l’histoire qu’elle compte raconter.
Je vous propose un petit exercice simple à appliquer dès votre prochaine sortie photo. Faites plusieurs photos dans lesquelles vous aurez composé avec un 1er plan de nature différente :
- esthétique
- directif
- informatif
- comblant un vide
- flou
Un peu de travail en perspective mais surtout beaucoup de progrès. C’est en pratiquant et en testant de nouvelles techniques que l’on apprend. L’habitude ne rend pas meilleur. Elle nous enferme dans ce que nous connaissons déjà.