Découvrez ce tuto pour photographier des animaux sauvages, sans partir en safari en Afrique. En France, nous avons des réserves qui œuvrent à la conservation d’espèces. Mais qu’est-ce que la conservation ? Elle se joue sur deux axes différents : soit élever des espèces menacées pour en préserver le patrimoine génétique et les rendre disponibles aux projets de réintroduction le cas échéant (conservation ex situ) ; soit s’impliquer dans des projets de terrain qui visent à sauvegarder voire réintroduire les espèces en danger (conservation in situ).
Je ne suis pas une adepte des zoos qui entassent des animaux dans des cages ou des enclos de tailles microscopiques et non adaptés. Mais certaines réserves, dont la réserve africaine de Sigean qui sera mon support dans cet article, travaillent avec une bienveillance tournée vers les animaux et leur préservation. Dans ce parc animalier, l’espace offert aux animaux est suffisamment vaste (plus de 300 hectares) pour qu’ils restent sauvages et conservent leurs comportements naturels. A Sigean, nous ne voyons pas souvent la limite des enclos... Ainsi le photographe peut aussi s’embarquer pour un mini safari africain le temps d’une journée.
Pourquoi un tuto photo dans une réserve africaine dans le sud de la France ?
Je veux vous faire part de mon expérience photographique dans la réserve africaine de Sigean (entre Narbonne et Perpignan) avec cet article décliné sous forme de tutoriel. Il a pour but de rendre compte des choix photographiques que j’ai du ou pu faire dans cette situation précise.
Je suis persuadée qu’un tutoriel permet de “visualiser” avec simplicité les pistes de travail ou les choix qui s’offrent en certaines circonstances.
Si vous suivez régulièrement le blog, vous savez déjà que j’accorde une grande place à ce format d’articles : vivants et très visuels.
Chaque premier mercredi du mois j’écris un article de ce type, sous forme de tuto photo plus ou moins long mais toujours intense en informations. Ils sont redoutablement efficaces car il sont concrets. Et je sais qu’ils apportent énormément aux débutants. Leur intérêt et leurs qualités d’apprentissage ont fait leurs preuves auprès de nombreux photographes. Ainsi, de la même façon, ils vous permettront de progresser vous aussi, c’est une évidence.
Lorsque j’ai commencé la photographie, j’étais en attente de ce genre de supports didactiques pour progresser… mais j’en ai peu trouvé. C’est pourquoi je les propose maintenant.
Dans ce tutoriel, j’évoque trois notions. Chacune, abordée indépendamment, permet d’approfondir une vision globale de la photographie d’animaux sauvages en réserves à travers ce tuto :
- le matériel et les réglages
- le cadrage
- l’attitude du photographe
Je terminerai ce tuto pour photographier les animaux sauvages par un BONUS reprenant quelques conseils qui n’ont pas vraiment trouvé leur place au sein de l’article mais qui me semblent toutefois très importants.
Avant tout : le respect des règles
Je souhaite, avant toutes choses, vous inciter à respecter les règles :
- celles de sécurité, bien sûr : ne pas sortir du véhicule, ni ouvrir les fenêtres si cela est interdit sur la zone dans laquelle vous vous trouvez. La plus belle photo du monde ne mérite pas un accident regrettable.
- celles du respect des animaux : n’oubliez pas que vous êtes chez eux ! N’embêtez pas les animaux avec vos appels, mauvaises imitations ou gesticulations pour attirer leur attention. Vos photos seront d’autant meilleures qu’elles saisissent les animaux dans leur comportement habituel.
Tuto pour photographier les animaux sauvages : matériel et réglages.
Matériel pour photographier les animaux sauvages
Vous ne partez pas en safari pour deux semaines mais juste pour la journée. Alors ne vous surchargez pas avec du matériel inadapté. Il suffit simplement de faire les bons choix.
Même si vous n’êtes pas en safari au Kenya avec ses immenses étendues, les enclos sont suffisamment vastes pour que les animaux que vous souhaitez photographier soient assez éloignés de vous. C’est pourquoi un objectif à longue focale s’avère nécessaire.
Cependant, parfois certaines espèces moins « timides » n’hésitent pas à s’approcher un peu, voire beaucoup ! Dans ce cas, votre 300mm va s’avérer complètement inutile… sauf si vous voulez faire un gros plan de l’œil d’un zèbre… et pourquoi pas d’ailleurs, tout est permis.
SOLUTION :
- opter pour un zoom genre 70-300mm qui va permettre de s’adapter à la distance à laquelle se situent les animaux en fonction des circonstances et de passer facilement d’une longue focale à une plus courte sans manipulation excessive d’objectifs
- se munir d’un objectif grand angle de manière a obtenir une vue plus large des animaux dans leur habitat. Inclure dans le cadre le vaste espace laissé aux animaux.
Tuto réglages pour faciliter les photos d’animaux sauvages
Par définition, les animaux sauvage ne vont pas poser pour vous. Il va falloir saisir leurs comportements.
Priorité à la vitesse
Il y a fort à parier que la plupart des animaux que vous allez photographier seront en mouvement. Et dans ce genre de photos, le flou de mouvement ou de filé n’est pas vraiment apprécié sauf si c’est le résultat final que vous attendez ; puisque votre intention photographique vous est propre et personnelle.
En choisissant une vitesse élevée pour pourrez saisir le mouvement sur le vif :
- saisir une expression faciale particulière si vous êtes suffisamment près
- figer un mouvement en pleine exécution, comme l’envol d’un oiseau ou la marche majestueuse d’une girafe
- capturer un regard furtif vers l’appareil photo
Cependant, il n’est pas nécessaire de trop monter en vitesse sous prétexte que « comme ça je suis sûr que ce sera net ». En photographie, bien souvent le trop est l’ennemi du bien !
Dans cette optique, gardez bien à l’esprit le fonctionnement du triangle d’exposition. Chaque modification de l’un des paramètres de l’exposition (vitesse d’obturation, ouverture du diaphragme et sensibilité ISO) induit de fait une modification des autres.
SOLUTION :
- opter pour un réglage adéquat de la vitesse sans tomber dans l’excès. La photographie est une question de mesure et de choix judicieux.
Le mode rafale
Il peut s’avérer intéressant dans certaines situations de se positionner en mode rafale. Je le conseille lorsque le sujet est un mouvement. C’est particulièrement judicieux si vous attendez une certaine attitude fugace de sa part sans vraiment savoir si celle-ci à des chances de se produire.
Mais de la même manière que précédemment pour la vitesse, inutile de l’enclencher pour toutes les prises de vues. Vous risquez sinon de vous retrouver avec des milliers de photos pour une seule journée de prise de vue.
Le mode rafale n’a pas d’intérêt en toutes situations. Il est à privilégier uniquement pour les scènes mouvementées ou si vous souhaitez saisir un ensemble de mouvements découpés comme une série à elle seule, par exemple.
Et imaginez le nombres de photos qu’il vous faudra ensuite trier et classer si vous faites du mode rafale une habitude !!!
SOLUTION :
- réservez le mode rafale pour les scènes de jeux entre animaux, l’envol des oiseaux, les troupeaux en mouvement…
Shooter en RAW… et en JPEG pour un tuto animaux sauvages
Choisir le format RAW présente de nombreux avantages en comparaison du format JPEG (format photo directement accessible). Je conseille en général le format RAW. Mais pour une fois, je vais vous conseiller de coupler RAW et JPEG pour une raison pratique de gestion des images au retour de la journée.
Je trouve que pouvoir visualiser rapidement le travail du jour en JPEG, avant le développement du RAW, permet de faire un tri rapide de toutes les photos ratées. Et il y en aura beaucoup ! D’autant plus si vous avez utilisé le mode rafale qui, de fait, crée beaucoup de déchets à mettre directement à la poubelle. Cette façon de faire n’engage que moi bien évidemment…
L’inconvénient majeur de cette façon de procéder est que vous devez prévoir beaucoup de mémoire. Le poids des photos se cumule. Il est multiplié quasiment par deux par rapport au seul format RAW.
SOLUTION :
- prévoir plusieurs cartes mémoires
- vider vos cartes mémoires à la mi journée si vous avez accès à votre ordinateur
Tuto photo : cadrage des animaux
Vous n’êtes pas naturaliste. Personne ne vous a demandé de répertorier les espèces animales sauvages. Vous êtes photographe. Donc ceci étant clairement dit, il ne vous reste plus qu’à faire preuve des qualités d’un photographe : inspiration et créativité.
La façon dont vous allez choisir de cadrer les animaux vous permet de sortir d’une composition rigide avec le sujet en position centrale.
Les lecteurs de cet article ont également consulté : « 5 règles de base pour une composition réussie ».
Dans ce tuto pour photographier les animaux sauvages en réserve, je vous incite vivement à jouer avec le cadrage :
- coupez le sujet
- mettez-le en bordure de cadre
- isolez-la en usant de l’espace négatif…
Vous pouvez même cadrer en pensant à des formats d’images inhabituels :
- carré
- panoramique…
Être inventif en terme de cadrage peut s’envisager directement sur place. Mais ce peut être également un travail en amont en s’inspirant de photographes aguerris au safari, par exemple. Cela vous donnera des idées de pistes de travail à suivre. C’est ainsi que vous serez à même d’expérimenter des choses auxquelles vous n’auriez pas pensé. Et comme vous le savez, expérimentation rime avec progression !
Le fait de déambuler dans une réserve, et non dans la savane, avec des aménagements particulier (parfois des ponts), vous permet des prises de vue en plongée impossibles en safari traditionnel, dans l’habitat naturel de ces animaux. C’est peut-être l’occasion de les saisir autrement…
En outre, ce qui est valable pour un portrait l’est aussi pour les animaux : laisser de l’espace pour le regard aère l’ensemble de l’image et évite une sensation d’oppression.
Ne négligez pas l’humour aussi dans vos décision de cadrage ! Avec ce tuto, je vous engage à appréhender les animaux sous tous les angles 😉
Tuto photo : l’attitude du photographe
La photographie d’animaux sauvages demande quelques qualités de la part du photographe. Certes, ici, en réserve, les animaux sont bien présents et à portée d’objectif le plus souvent.
Cependant, l’expérience vous montrera que vous devrez toutefois faire preuve de réactivité et de patience afin d’obtenir au moins de « bonnes photos » (car la photo parfaite existe-t-elle ?).
La patience
Votre patience pourrait être récompensée comme elle pourrait tout aussi bien ne pas l’être. Je vous laisse méditer cela…
Les animaux ne vont certainement pas se positionner pile comme vous le souhaitez. Peut-être êtes-vous présent au moment de la sieste et ils ne bougeront pas pendant plusieurs heures. Et puis un moment plus tard c’est l’heure du jeu et ils vous permettent de prendre des clichés dynamiques et intéressants…
Malgré toute la patience dont vous pouvez faire preuve, vous n’êtes pas assuré d’obtenir ce que vous étiez venu chercher et d’être là au bon moment.
La capacité à s’adapter
Mieux vaut ne pas avoir de grandes attentes en entrant dans une réserve d’animaux sauvages… Laissez-vous porter par ce qui se présente. Adaptez-vous simplement à ce qui vous est donné, en terme d’opportunités.
Elles sont toutes bonnes à saisir et vous mèneront surement vers des chemins que vous n’aviez pas envisagés. C’est parfois dans l’inattendu que nous sommes les meilleurs car nous sommes hors de notre zone de confort et produisons un contenu ou un travail inédit.
Être réactif
Être réactif en toutes circonstances. Soyez prêt à appuyer sur le déclencheur dès qu’une situation s’y prête. Les animaux sauvages sont imprévisibles et pourtant vous devez réagir à la moindre opportunité.
Capturer un mouvement ou une attitude significative sur le vif, demande beaucoup de concentration et un peu d’anticipation. Pour cela, observer votre sujet attentivement avant de vouloir déclencher à tout prix…
Pour que cela se fasse sans stress, vous devez être maitre de votre appareil photo. Par là je veux dire que vous devez être capable de manipuler les molettes ou appuyer sur les boutons (passage du mode priorité à l’ouverture à celui priorité à la vitesse, réglage ISO, ouverture ou fermeture du diaphragme, choix des collimateurs…) sans regarder votre appareil, sans ôter l’œil du viseur.
BONUS : conseils en vrac
Ces quelques conseils ont leur petite importance, c’est pourquoi je ne voulais pas les passer sous silence.
Ne photographiez pas que les animaux.
Il peut être intéressant, puisqu’il s’agit d’une réserve animalière de montrer aussi l’envers du décor : les soigneurs, le nourrissage…
Accepter de rentrer le soir avec un taux de réussite assez bas.
Les animaux ne sont pas des sujets dociles auxquels imposer des directives. Ils feront exactement ce qu’ils veulent… et souvent le contraire de ce que vous attendez. Des sujets magnifiques et puissants ne font pas forcément de bonnes photos. C’est un contexte émotionnel qui donne une âme à un cliché.
Choisir l’heure de votre visite
Le choix doit se faire de manière judicieuse. S’il fait très chaud, souvent les animaux « font la sieste » à l’ombre. Ils sont moins actifs durant ces heures les plus chaudes. Les opportunités se trouvent donc réduites.
Choisir de ne pas faire une mauvaise photo.
Vous n’êtes pas obligé de photographier à tout prix. Quel est l’intérêt de faire une photo que vous savez ratée d’avance parce que l’animal est trop loin, trop dans l’ombre ou pas assez « expressif ». Tans pis, vous ne pourrez peut-être pas faire la photo que vous attendiez. Il faut savoir renoncer quand les éléments ne s’y prêtent pas.
Ne pas passer son temps à regarder l’écran au dos de l’appareil à chaque photo.
C’est comme ça, en n’étant pas à l’affût et concentré que l’on rate LA photo avec la posture tant attendue. En détournant ne serait-ce que quelques instants le regard de votre sujet, vous prenez le risque de passer à côté de quelque chose d’intéressant.
Ne pas oublier le noir & blanc même pour les photos d’animaux sauvages.
Nous avons tendance à penser que la couleur convient mieux à ce type de sujet, à tort à mon sens. Le noir & blanc peut apporter une autre dimension axée sur une émotion à l’état pure.