Prendre beaucoup ou trop de photos est-ce préjudiciable ou gage de qualité au bout du compte ? Il peut être intéressant de se poser la question avant de remplir un nombre incalculable de disques durs.
Je ne sais pas de quelle « école » vous ĂŞtes, les mitrailleurs ou les Ă©conomes du dĂ©clencheur… Il existe cependant une autre catĂ©gorie : les rĂ©flĂ©chis. Vous l’aurez compris, en photographie comme dans beaucoup de domaines, la mesure et la rĂ©flexion apportent toujours de meilleurs rĂ©sultats. Pourtant, il est intĂ©ressant de comprendre le cheminement de chacun de ces groupes. C’est ce que je vais m’efforcer de faire dans cet article, de façon très synthĂ©tique, sous une forme erreur/avantages. Car tout n’est pas toujours mauvais. Il y a forcĂ©ment des nuances.
Prendre beaucoup ou trop de photos
Avec l’arrivĂ©e du numĂ©rique, certains photographes s’en sont donnĂ©s Ă cĹ“ur joie en dĂ©clenchant abondamment, tout le temps, en toutes occasions… Ă l’excès parfois. Et c’est ainsi qu’il est vite possible de se retrouver avec un nombre impressionnant de photos en fin de journĂ©e.
L’erreur
L’erreur majeure est de croire que de l’abondance naitra LA photo, qu’une bonne photo va jaillir de la masse… un peu par hasard, comme par miracle, dans le lot. Or la photographie n’est jamais une question de hasard. Elle est plutĂ´t due Ă un bon placement (l’angle de prise de vue), une composition Ă©tudiĂ©e, un choix des Ă©lĂ©ments inclus dans le cadre… enfin bref, un vrai travail de photographe.
De plus, beaucoup d’images signifie beaucoup de temps passĂ© sur le tri et le post-traitement de l’ensemble. Et nous savons tous combien cela est chronophage ! Cela peut vite se transformer en « des heures » assis devant l’ordinateur Ă hĂ©siter devant deux images quasiment identiques… Perte de temps, perte d’Ă©nergie…
Les avantages Ă prendre trop de photos
Cependant, il y a certaines situations où prendre beaucoup de photos peut se révéler être une bonne pratique :
- l’apprentissage nĂ©cessite une pratique rĂ©gulière et intensive de la photographie afin de bien prendre en main son appareil, affiner ses qualitĂ©s de photographes…
- l’expĂ©rimentation est la base de la photographie et de vos progrès Ă venir. Cette dernière est une discipline qui demande de tester, d’expĂ©rimenter, afin de parvenir au rĂ©sultat escomptĂ© par le photographe, affirmer son style, dĂ©velopper son intention photographique.
- apprĂ©hender un nouveau sujet qui nĂ©cessite une dĂ©couverte minutieuse, de tous ses angles d’approche. Un nouveau lieu oĂą nous ne pourrons pas revenir ou un nouveau sujet hors de notre quotidien mĂ©ritent peut-ĂŞtre d’en dĂ©celer tous les aspects, dans les moindres dĂ©tails avec un nombre de photos en consĂ©quence.
Prendre peu de photos
Avant le numérique, appuyer sur le déclencheur avait un certain coût. Il est donc logique de penser que certains photographes réfléchissaient à deux fois avant de le faire.
Mais demeure une catĂ©gorie de photographes Ă©conomes en prises de vue… Parce qu’ils savent prĂ©cisĂ©ment ce qu’ils veulent ? Parce qu’ils ont beaucoup travaillĂ© en amont ? Ou parce qu’ils ont su dĂ©velopper une vision prĂ©cise d’une scène et de ce qu’ils peuvent en faire ? Quelle qu’en soit la raison, ceux-ci existent.
L’erreur
Je pense que l’erreur est de passer Ă cĂ´tĂ© de quelque chose en n’explorant pas totalement la scène, ses possibilitĂ©s et ses opportunitĂ©s. Peut-ĂŞtre qu’Ă l’instant « T » les photos prises suffisent, mais comment va Ă©voluer votre Ă©valuation globale de la scène ?
Ne vous est-il jamais arrivĂ© de stocker des images lors du tri car elles ne correspondaient pas Ă ce que vous recherchiez sur le coup… Et puis un jour vous retombez dessus et c’est « ça » qu’il vous faut ; vous ne comprenez pas comment vous avez pu les Ă©carter lors du prĂ©cĂ©dent tri : elles se rĂ©vèlent Ă vous.
Si vous avez pour habitude de revenir parfois sur vos travaux antĂ©rieurs, vous savez que cela arrive plus souvent qu’on ne le pense…
Mais l’erreur majeure Ă mon avis est de manquer, au bout du compte, de matière. Ce que j’entends par lĂ c’est s’empĂŞcher d’explorer des pistes inattendues sur lesquelles certains clichĂ©s nous emmènent après coup…
Les avantages Ă prendre trop peu de photos
Prendre peu de photos devient un avantage dans certaines cas :
- pas de perte de temps lors du tri au retour d’une sĂ©ance photo. Ce processus est souvent trop long et fastidieux.
- les clichĂ©s permettent d’aller Ă l’essentiel, droit au but. Le photographe ne se perd pas dans des mĂ©andres inutiles.
- ne pas remplir des nombres incalculables de disques durs… et s’y perdre.
Prendre un nombre réfléchi de photos
La mesure et la rĂ©flexion, la règle du juste milieu en quelque sorte, convient parfaitement Ă la pratique de la photographie pour un photographe amateur ou mĂŞme plus expĂ©rimentĂ©. C’est une bonne habitude Ă prendre.
C’est pourquoi ĂŞtre capable de trouver le nombre de photos adĂ©quat lors de chaque sortie photo (ni trop ni trop peu) est primordial. D’abord parce que cela rĂ©sulte d’une connaissance de son sujet, de son objectif, ensuite parce que cela montre qu’il y a eu une vraie rĂ©flexion quant Ă votre travail.
L’erreur
En fait, je ne vois pas vraiment d’erreur Ă procĂ©der ainsi…
Les avantages
Les avantages sont nombreux et variés car la réflexion apporte toujours de bons résultats :
- une sélection est déjà réalisée lors de la prise de vue, permettant ainsi de ne pas avoir à traiter des images hors contexte ou inutilement nombreuses.
- Ă la clĂ©, se profile un travail plus abouti, puisque chaque image Ă sa place (pas de « au cas oĂą ça puisse servir… »).
- c’est la preuve que vous savez oĂą vous allez et comment vous y allez, c’est une façon de vous conforter dans vos capacitĂ©s.
- tous les aspects d’une scène photographiques sont pris en compte en fonction de votre objectif, ni plus ni moins.
- vous faites passer la qualité avant la quantité, et votre travail devient plus qualitatif, sorties photo après sorties photo.
- etc…
Quantité Vs Qualité
Je ne sais pas si nous pouvons vraiment opposer ces deux notions de façon aussi catégorique, sans doute pas. Cependant, cette question concernant le « bon nombre » de photos à prendre doit être posée à un moment.
Est-ce une question que vous vous êtes déjà posée ?
Il y a une question que je me pose souvent avant d’appuyer sur le dĂ©clencheur :
« Est-ce que, une fois Ă la maison ou dans quelques jours, j’aurai un intĂ©rĂŞt particulier Ă regarder cette photo ? A-t-elle une finalitĂ© photographique intĂ©ressante ou mĂŞme Ă©motionnelle (il ne faut pas dĂ©nigrer l’Ă©motion) ? »