Le post-traitement fait se poser beaucoup de questions à de nombreux photographes débutants. Ceux plus accomplis ont souvent trouvé leurs réponses avec l’expérience. Comment apprendre le post-traitement ? Est-il légitime ou est-ce de la triche ? Pourquoi passer par le post-traitement ? Quel logiciel choisir ?
Je crois que le flou qui règne autour du post-traitement vient essentiellement du fait qu’une définition claire doit être donnée. A mon sens, le post-traitement regroupe trois interventions ou actions qu’il convient de bien différencier.
Dans cet article, je vais vous donner ma position quant au post-traitement : l’utilisation que j’en fais et jusqu’où je suis prête à aller. Cela n’engage que moi bien sûr. Comme chaque fois dans ce blog ma parole n’est pas sacrée, juste un moyen de « guider » en fonction de ma propre expérience…
Ma définition du post-traitement
Je tiens, pour commencer, à différencier les trois notions qui pour moi constituent le post-traitement :
- le développement
- le traitement
- la retouche fine
Le développement
Si vous shootez en format Raw, vous savez que la phase de développement numérique de votre fichier est juste indispensable. Il s’agit d’un fichier brut qu’il vous faut développer pour obtenir une image.
Les lecteurs de cet article ont également consulté l’article : « RAW ou JPEG : quel format choisir ? »
Je pense que vous utilisez de moins en moins, voire plus du tout, l’unique format JPEG qui ne permet pas de donner une qualité maximum à vos image, du moins si vous pratiquez la photographie depuis quelques temps déjà. Le format JPEG est un format où l’image a déjà été développée par le boîtier en fonction de critères pré-définis et immuables inhérents à l’appareil photo.
Le rendu brut d’une photo en fichier RAW est terne et fade. Elle nécessite un développement numérique permettant d’ajuster certains critères :
- balance des blancs
- contraste
- saturation
- exposition
- noirs
- hautes lumières
Le développement numérique est très proche de ce qui pouvait se faire en développement argentique.
Pour exemple, voyez le travail fait par deux photographes célèbres, mondialement connus, sur le post-traitement de leurs images réalisées en argentique. Les notes au crayon sont des indications pour procéder à la correction des temps d’expositions sur certaines zones lors du développement. Cela permet d’y réaliser plus ou moins de contraste en travaillant sur le bain d’arrêt, le révélateur…
Le post-traitement a toujours exister. Les moyens n’étaient juste pas les mêmes et la réalisation beaucoup plus compliquée.
Le traitement
Une fois le développement réalisé, le traitement permet d’apporter quelques améliorations basiques à l’image :
- aligner l’horizon pour qu’il soit bien droit
- recadrer si nécessaire
- travailler les couleurs
- choisir l’option du noir et blanc
- obtenir le rendu souhaité, que j’appelle aussi l’atmosphère d’une image, en fonction de l’intention photographique ; comme installer des filtres localement afin de modifier certaines zones de l’image indépendamment du reste (exposition, contraste…).
La retouche fine
Je fais bien la différence entre ce que j’appelle les retouches fines et les retouches invasives… Et j’y tiens. Pour ma part, je n’utilise pas de logiciel du type Photoshop qui permettent de retoucher « en profondeur » une image ; comme enlever un élément gênant du cadre, changer un ciel bleu en ciel orange…etc…
La retouche fine pour moi consiste principalement à enlever des taches dues à des poussières malvenues sur le capteur ou l’objectif.
Dernièrement, j’ai baissé la saturation d’un bleu qui déséquilibrait mon image, mais je ne fais rien de plus invasif… Vous pouvez voir le résultat sur les deux photos ci-dessous (dans le coin en bas à droite de l’image).
Le post-traitement dans le processus photographique
Le format RAW
Comme vous le savez maintenant, si vous shooter en RAW vous n’avez pas le choix : un développement numérique est nécessaire pour passer du fichier à une image (en général en JPEG).
Les traitements de base évoqués plus haut s’imposent pour donner de la vitalité à vos image (contraste, saturation, balance des blancs…). Le post-traitement est donc un passage obligé.
Photo sans post-traitement
L’œil humain dispose de qualités optiques qu’aucun appareil photo, même le plus performant, du moins en l’état actuel de la technologie, ne peut égaler. Le plus flagrant est la capacité de voir en 3D alors que le rendu en photo papier n’est qu’en 2D. Mais il en va de même des contrastes, par exemple.
Traiter une photo ne revient donc pas à dénaturer ce qu’elle représente… Au contraire, cela permet de restituer ce que fut l’objet de la photo lorsque le photographe a décidé d’appuyer sur le déclencheur.
Les lecteurs de cet article ont également consulté l’article : « 5 questions à se poser avant d’appuyer sur le déclencheur ».
Se priver du post-traitement c’est se priver d’apprécier ses photos. Je vais même aller jusqu’à dire que cela revient à désavouer son travail photographique.
Pour la petite histoire : il y a six ans j’ai fait un magnifique voyage en Islande. A l’époque, ma pratique photographique se limitait aux vacances et sorties en famille. J’ai pris environ 1700 photos en JPEG. Au retour, je ne sais même pas comment vous relater ma déception : des images fades ne retranscrivant absolument pas les couleurs des lieux, ni l’atmosphère… J’ai très peu visionné ses images par la suite car ça ne correspondait pas à ce que j’avais vu…
Mais il y a quelques mois, j’ai décidé de les traiter légèrement avec Rawtherapee (logiciel que j’utilisait à cet époque). Les images étant en JPEG ma marge de manœuvre était très restreinte (dans ce cas on peut faire plus de mal que de bien en dégradant l’image).
Et bien croyez-moi, c’est la meilleure initiative que j’ai eu ! J’ai pu redonner à mes images les couleurs originelles. Et je les regarde maintenant avec plaisir car elles sont fidèles à ce que j’ai vu là-bas !
Approche personnelle, artistique et émotionnelle
Votre touche personnelle
Le post-traitement est aussi l’occasion pour vous d’apporter une petite touche personnelle dans vos image.
Par exemple, je me rends compte que j’aime lorsque les contrastes sont bien affirmés (sans excès bien sûr). C’est d’autant plus vrai dans mon cas avec mes images en noir & blanc. Je suis certaine qu’un autre photographe traiterait la même image de façon différente.
Il n’y a pas de bonne ou mauvaise manière de traiter ses photos… si cela reste dans le raisonnable évidemment 😉
Je parlais plus tôt d’atmosphère… Et bien celle-ci ne découle pas seulement de la composition. Le post-traitement de l’image peut sensiblement apporter une ambiance particulière selon vos choix.
La photographie résulte d’un nombre incalculable de choix :
- l’appareil
- l’objectif
- les réglages
- la composition
- les éléments que vous mettez dans le cadre
- le post-traitement
- etc… mais je suis sûre que j’en oublie
Donc celui du post-traitement entre dans cette logique de choix…
Votre approche artistique
La photographie est un art reconnu.
Si vous suivez des blogs consacrés à la photographie c’est que votre pratique a largement dépassé le simple fait de « prendre des photos ». Attention, ma remarque n’a rien de péjoratif ! C’est simplement que vous réfléchissez à certains principes (exposition, composition, profondeur de champ…) avant d’appuyer sur le déclencheur. Cela fait de vous un photographe sensible à une certaine approche artistique.
Et le post-traitement fait partie des options vous permettant d’affirmer votre style et/ou vos choix artistiques.
Si vous êtes un fidèle lecteur de ce blog, vous savez à quel point j’insiste sur le fait de s’inspirer des photographes connus et célèbres pour progresser soi-même…
Les images de certains photographes contiennent presque toutes des traitements identifiables :
- Sebastiao Salgado : des noirs très noir et des blancs très blanc
- Ansel Adams : du noir & blanc associé au « zone system » (pratique qui lui est propre)
- Steve McCurry : fort contraste entre le sujet et le fond dans ses portraits
A vous de jouer la carte de votre originalité artistique. Parfois vous n’êtes pas directement conscient de ses habitudes de post-traitement que vous réalisez juste parce que ça vous plait comme cela.
Découvrez la part artistique du post-traitement que vous appliquez à vos image simplement en consultant un grand nombre d’entre elles, sans a priori, juste de manière à déceler des répétitions dans vos choix de traitement…
Les lecteurs de cet article ont également consulté l’article : « Autocritique et photographie ».
Les émotions que vous transmettez
Il faut bien garder à l’esprit que de toute démarche artistique et créative découle une émotion. C’est aussi pour cela que nous avons décidé de réfléchir à notre pratique photographique : pour l’émotion que nous ressentons et celle que nous pouvons distiller à l’aide de nos images.
Le post-traitement, en privilégiant telle ou telle atmosphère, va permettre de mettre en avant des émotions parfois même antagonistes devant une même photo ayant subie des traitements différents.
Les lecteurs de cet article ont également consulté l’article : « Tutoriel : 1 photo, 2 images et 2 émotions ».
Voici quelques exemples pour appuyer l’importance d’un choix en post-traitement :
- une sous-exposition donnera une atmosphère sombre, oppressante
- une désaturation des couleur apportera un aspect rétro
- un vignettage sur un cliché en noir & blanc laissera croire qu’il est ancien
Le boitier seul n’est pas capable de transmettre cette émotion, aussi performant soit-il…
Quel logiciel de post-traitement choisir ?
Il est difficile de répondre à cette question tant il existe de logiciels qui font très bien le travail. Il n’y a pas vraiment de meilleur logiciel. Cependant, il y en a un qui se démarque un peu des autres…
Celui qui actuellement remporte le plus grand succès est sans doute Lightroom. Au-delà de ses nombreuses qualité pour le développement numérique, il se distingue grâce à un système de tri très pratique à l’aide de mots clés, de référence d’appareil photo ou de l’objectif utilisé… Il offre aussi la possibilité de créer des collections. C’est un logiciel payant (12€/mois mais couplé à Photoshop).
Je traite mes photos avec Lightroom depuis quelques mois. Avant, j’utilisais Rawtherapee, un logiciel gratuit. Mais je dois avouer que je n’avais absolument rien à lui reprocher concernant le traitement de mes photos.
Dans les logiciel gratuits vous avez aussi Grimp… Mais je ne peux pas beaucoup en parler ne l’ayant jamais utilisé.
Aperture est un autre logiciel payant qui est aussi beaucoup utilisé.
Ils ont quasiment tous une prise en main rendue assez facile par un fonctionnement sous forme de déroulement logique des actions à faire. Ils sont globalement très intuitifs chacun à leur manière. C’est pourquoi si vous débutez j’ai envie de vous dire : « Pas de panique ! ». D’autant plus qu’il est très facile de se familiariser avec un logiciel seul avec des tutos ou en suivant une formation sur le net.
Mes traitements de base sur mes photo
Je vais vous donner les traitements basiques que j’applique à mes photos et l’ordre dans lequel je le fais. Bien sûr cela n’engage que moi. Ce n’est en aucun cas la seule façon de faire, c’est juste MA façon… Et vous verrez que les trois types d’intervention du post-traitement peuvent se mélanger simplement.
Dans Lightroom, je procède à quelques réglages :
- Redresser l’horizon si nécessaire pour commencer sinon je ne vois que ça et cette grossière erreur m’empêche d’aller de l’avant
- Faire un recadrage de l’image au besoin
- Ajuster l’exposition si celle-ci n’est pas correcte ; je m’aide de l’histogramme
- Adapter la balance des blancs (curseur température)
- Monter la clarté afin de donner de la netteté dans les détails de texture (curseur clarté + curseur texture)
- Baisser les hautes lumières si mon image présente des blancs cramés
- Éclaircir les ombres pour retrouver des détails dans les zones sombres et/ou les noirs bouchés
- Augmenter un peu le contraste… parce que j’aime ça 😉
- Et je termine par enlever d’éventuelles taches, si je les ai supporté sur mon écran tout ce temps (parfois je les ôte juste après le recadrage)
Ce sont là mes traitements de base. Bien sûr certaines de ses étapes ne sont pas forcément utiles en fonction de l’image à traiter. Mon premier jet se présente ainsi. Cependant il n’est pas rare que je revienne sur un traitement pour affiner le plus possible afin que le résultat final corresponde à mon intention de départ.
Cette liste peut paraître longue mais son application ne prends qu’une poignée de minutes. Ensuite en fonction de l’image, d’autres traitements vont s’imposer.
Mais si vous êtes dans le cas d’un débutant qui n’a jamais fait de post-traitement c’est déjà une première approche très intéressante pour la qualité de vos images.
Post-traitement : étape obligée d’une image de qualité
Quel que soit votre sujet, photo de nuit, de mariage, animalière, en noir & blanc et même de la voie lactée (je peux encore aller très loin dans mes exemples), le post-traitement est le garant d’une image fidèle à votre intention, à ce que vous avez vu au moment de déclencher.
Mais il permet également de vous démarquer par un style et une atmosphère qui sont les vôtres. Vous pouvez aussi jouer de votre créativité au post-traitement pour aller vers des images plus typées. La créativité n’est pas réservé à l’unique instant de la prise de vue.
Vous pouvez, dans cet esprit là, concevoir une série photographique résolument sur-exposée ou aux teintes « anormalement » chaudes… La créativité n’a pas de limite lorsqu’elle est assumée.
Il y a aussi un aspect que je n’ai pas du tout évoqué dans l’article et qui a son importance : le post-traitement vous permet de progresser en photographie.
Je devine votre étonnement… Mais sachez qu’à force de corriger des expositions ou des horizons bancales (pour ne prendre que ces deux exemples), vous allez peut-être être plus rigoureux et faire davantage attention les fois prochaines au moment de prendre votre photo… Car il ne faut pas se tromper d’attitude, il est préférable de faire de son mieux dès la prise de vue. Ne prenez jamais une photo en vous disant : « C’est pas grave je rectifierai au post-traitement ». Ce serait une grave erreur…
Le post-traitement s’avère efficace seulement si vous travaillez à la base avec une bonne photo. Il ne va jamais transformer une photo moyenne en image de qualité…
Le post-traitement, tout un programme. Cet article est complet et définit bien l’utilité du post-traitement. En ce qui me concerne, je ne sais pas si j’ose le dire mais j’utilise Photoshop CC à la fois pour développer les fichiers RAW et pour les retouches (recadrage, correction d’exposition…) J’ai beaucoup entendu de bons commentaires pour Lightroom, mais je n’ai pas encore craqué. Merci Estelle pour cet article : je partage…
Je crois que le logiciel n’a en fait que peu d’importance si tu en utilises un qui te convient.