La photo parfaite, saint graal de tout photographe ? Cette question peut donner à réfléchir… En fait, qu’est-ce qu’une photo parfaite ? Et quels critères permettent d’affirmer qu’une photo est parfaite ?
Comme vous le voyez une telle question en amène beaucoup d’autres, toutes aussi légitimes les unes que les autres. Je dois avouer que je ne m’étais jamais posé la question en ces termes jusqu’à ce que je tombe sur un article à ce sujet. Peut-être parce que je sais que mes photos ne sont pas parfaites… Parce que mon niveau photographique ne me permet pas « encore » ne serait-ce que le début d’une telle affirmation… Mais pouvons-nous vraiment dire d’une photo qu’elle est parfaite ? Quels seraient les critères de jugement ?
La perfection, qu’est-ce que c’est ?
Définition
La perfection c’est :
- un état, une qualité de ce qui est parfait (notamment dans le domaine morale et esthétique).
- un idéal qui réunit toutes les qualités sans aucun défaut.
La perfection existe-t-elle ?
Nous aurions tendance à dire « non« . La notion de perfection est sujette à interprétations selon nos influences, notre culture, notre époque, notre personnalité aussi si nous nous intéressons à l’intime. Ce que je juge parfait ne l’est certainement pas pour une autre personne.
Et cet aspect est d’autant plus vrai lorsqu’il s’agit d’art, comme en photographie puisque celui-ci fait appel à notre sensibilité propre et personnelle.
Par extension, nous aurions tendance à affirmer que la photo parfaite n’existe pas… Cependant, en photographie, technique et ressenti, les deux points sur lesquels nous nous appuyons pour « juger » de la qualité d’une image, doivent être différenciés.
Une photo parfaite
Technique
Une parfaite maitrise de la technique ne donne-t-elle pas une photo parfaite ?
Ce pourrait être le cas si ce seul aspect était pris en compte… mais vous savez très bien que ce n’est pas le cas…
La maitrise de la technique revient à apporter à vos images les bases qui font qu’une photo n’est pas ratée au point d’aller directement à la poubelle. Cette maitrise concerne plus précisément les notions de :
- exposition : le triangle d’exposition et les interactions entre l’ouverture du diaphragme, le temps d’exposition et la sensibilité ISO
- netteté : le plus souvent la mise au point est faite sur le sujet principal de l’image
- profondeur de champ : flou d’arrière plan ou netteté sur l’ensemble des plans de l’image
- lumière : jouer avec la lumière en toute connaissance
- composition : positionnement des différents éléments à l’intérieur du cadre
Les lecteurs de cet article ont également consulté : « 5 règles de base pour une composition réussie ».
Une photo techniquement parfaite répond à la définition de la perfection en cela qu’elle ne possède aucun défaut.
C’est alors un cas d’école mais absolument pas une photographie qui répond aux critères artistiques que nous pouvons attendre d’elle pour capter l’attention du spectateur.
Je pense qu’il existe une grande différence entre une photo, que j’appellerais, « professionnelle« (terme souvent attribué dans les domaines notamment du mariage, de la publicité…) et une photo artistique de laquelle nous attendons un ressenti, une créativité ou peut-être un message indirectement palpable… Cependant attention, ce que je dis n’est absolument pas péjoratif. Je ne dis pas qu’une photo de mariage ou destinée à la publicité ne peut pas faire preuve d’originalité et de créativité. Pour ne prendre qu’un exemple, une photo de mariage où les époux sont flous ne serra jamais proposée aux mariés !
Artistique
Je classe sous le terme d’artistique tout ce qui ne relève pas de la technique pure. Il va s’agir de l’aspect émotionnel que déclenche une image chez le spectateur. Et c’est là que tout se complique car chacun réagit avec sa propre force ou capacité émotionnelle… Elle découle directement de son histoire personnelle, de sa culture, de ces centres d’intérêt…
Nous voyons bien comment une photo peut, à la rigueur, être techniquement parfaite, alors qu’elle ne peut pas l’être artistiquement parlant.
Je pense que nous aimons les oeuvres qui trouvent une résonnance en nous. Celles pour lesquelles la vision du photographe rejoint la nôtre et/ou nous parle émotionnellement.
Ceci admis, nous voyons bien qu’il est impossible de dire qu’une photo est parfaite…
L’intention photographique comme critère essentiel
Critique
L’évaluation d’une photo est assez facile quand il s’agit d’évaluer la technique (soit l’horizon est droit soit il ne l’est pas, soit le sujet est net soit il ne l’est pas, soit l’exposition est correcte soit elle ne l’est pas… etc… vous avez compris le truc…).
La critique ou l’autocritique d’une image permet de déceler ses défauts. Avec un vrai travail de fond, elle permet de les corriger lors des sorties photos à venir.
Par contre concernant la critique artistique, les choses deviennent beaucoup plus compliquées car trop subjectives.
Intention photographique
Du point de vue artistique, il est apparait alors primordial de connaitre l’intention photographique du photographe au moment où il a pris la photo. Il convient de savoir avec précision quelles étaient ses attentes ou le message qu’il voulait transmettre lorsqu’il a appuyé sur le déclencheur.
Une image se rapproche de la perfection quand elle est conforme à l’intention du photographe. Mais se rapprocher est le mieux qu’elle puisse faire…
La photo parfaite : un aboutissement ?
Atteindre la perfection semble être un vœu inaccessible… Cependant j’ai bien envie de poser une autre question : « voulons nous vraiment faire la photo parfaite ? » Car après cela, que nous reste-t-il à faire ?
A la question posée à la grande photographe Imogen Cunningham, « quelle est votre photo préférée », elle répond :
« Ma photo préférée est celle que je prendrai demain »
Imogen Cunningham
Car qu’est-ce qui fait « courir » le photographe si ce n’est la perspective de prendre LA photo… Et ce, quelque soit le niveau de pratique. Les grands photographes comme les photographes débutants gardent comme objectif celui de ramener une photo qui résume et représente parfaitement sa vision.
J’ai envie de dire qu’heureusement que la photo parfaite est avant tout une illusion inaccessible. Elle n’est certes pas inaccessible dans la mesure où elle n’existe pas (comme le yéti ou le dahu, à moins qu’ils ne se cachent ensembles) mais parce qu’elle n’a pas de fondement et qu’elle est sujette à interprétations personnelles.
A chacun sa photo parfaite
Le propre d’un artiste, et donc d’un photographe, est de se positionner dans l’expérimentation et la recherche perpétuelle de nouvelles approches de son art. Dans cette optique, il devient une sorte d’éternel insatisfait étant persuadé qu’il peut toujours mieux faire.
Les musées et les expos sont remplis de photos « imparfaites » qui pourtant nous émeuvent, nous touchent et nous remplissent d’admiration… Alors la quête de la photo parfaite n’a peut-être pas vraiment lieu d’être.
Quand la photographie « Rhein II » d’Andreas Gursky est adjugée à 3,1 millions d’euros par Christie’s à New-York en 2011, pouvons-nous affirmer alors que cette photo est parfaite ? Son prix exorbitant peut le laisser croire en tout cas…
Je vous laisse réfléchir à tout cela…