Alors pourquoi « Autoportraits de photographes » de la collection Photo Poche doit-il faire partie de votre « bibliothèque idéale » ? Voici une présentation concise de l’ouvrage pour vous en convaincre.
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La collection Photo Poche
Sans doute connaissez-vous cette collection devenue une référence dans le monde des livres sur la photographie. Elle s’emploie à offrir des ouvrages consacrés à la photographie dans tous ses états. Elle est éditée par la maison d’édition Actes Sud. Les numéros de cette collection sont très reconnaissables avec leur couverture sur fond noir.
Avec plus de 150 numéros, cette collection aborde tous les sujets de la photographie, en 144 pages et 64 photographies :
- photographes connus
- courants photographiques
- techniques
- histoire de la photographie
- …etc…
Avec son format « poche », ces petits livres se manient facilement. De plus, il sont d’un prix tout à fait abordable je trouve pour la bonne qualité d’impression sur papier glacé.
Une introduction fouillée et très didactique débute chaque ouvrage. Puis suivent les nombreuses photographies, chacune légendée en fonction du thème abordé.
« Autoportraits de photographes »
Introduction
Il est question de l’origine de l’autoportrait chez les photographes et de sa réelle émergence au cours du XXème siècle.
En France, les artistes proches du courant surréaliste mettent en scène leurs autoportraits de façon onirique (Man Ray, Brassaï, André Kertész…).
Par sa puissance émotionnelle et sa variété, seulement brimée par le manque d’imagination, l’autoportrait devient donc un genre à part entière de la photographie.
Le choix des autoportraits de ce livre
Chacun d’eux semble avoir été choisi pour la puissance qu’il renvoie. Bien que pris dans un relatif dénuement pour la plupart, ils nous emmènent au paroxysme de l’intime.
Chaque photographe a mis dans le cliché sélectionné de sa pratique, de sa vision très personnelle sur lui-même ou le monde, de son style.
Alors certains décident de jouer avec les codes en prenant à contre-pied les attendes du spectateur… Mais n’est-ce pas justement là leur vision intérieure.
La composition d’un autoportrait est souvent assez dénudée. C’est pourquoi les éléments qui composent le cadre se révèlent rares. Mais revient régulièrement l’utilisation du miroir en autoportrait… symbolique affirmé du reflet de l’âme. Alors, grâce à la vision du photographe nous passons de l’onirique au mystique.
Le premier autoportrait de l’histoire de la photographie
Le premier autoportrait présenté dans ce livre, « Autoportrait en noyé » d’Hyppolyte Bayard datant de 1840, est aussi le premier autoportrait de l’histoire de la photographie.
Comme cela est précisé dans la légende de cette photo : « Bayard donna ainsi à l’autoportrait en France ses marques distinctives : fiction, rébellion et liberté. »
Cet autoportrait a une histoire bien singulière. Bayard et de son invention (un procédé permettant d’obtenir des positifs directs sur une feuille de papier préalablement sensibilisée après une exposition en chambre noire) furent mis à l’écart par l’Académie des Sciences au profit du daggerréotype de Daggerre, alors en plein essor. Une deuxième invention aussi proche embarrasse alors l’Académie.
C’est pourquoi devant cette déconvenue, Bayard réalise cet autoportrait sur lequel il se met en scène. En plus, il l’accompagne d’une sorte de pamphlet au second degré affirmé :
« Le cadavre du Monsieur que vous voyez ci-derrière est celui de M. Bayard, inventeur du procédé dont vous venez de voir ou dont vous allez voir les merveilleux résultats. À ma connaissance, il y a à peu près trois ans que cet ingénieux et infatigable chercheur s’occupait de perfectionner son invention.
L’Académie, le Roi et tous ceux qui ont vu ces dessins que lui trouvait imparfaits les ont admirés comme vous les admirez en ce moment. Cela lui fait beaucoup d’honneur et ne lui a pas valu un liard. Le gouvernement qui avait beaucoup trop donné à M. Daguerre a dit ne rien pouvoir faire pour M. Bayard et le malheureux s’est noyé. Oh ! instabilité des choses humaines ! Les artistes, les savants, les journaux se sont occupés de lui depuis longtemps et aujourd’hui qu’il y a plusieurs jours qu’il est exposé à la morgue personne ne l’a encore reconnu ni réclamé. Messieurs et Dames, passons à d’autres, de crainte que votre odorat ne soit affecté, car la figure du Monsieur et ses mains commencent à pourrir comme vous pouvez le remarquer. »
Un condensé de style
Ainsi, ce livre présente une large palette de ce que peut être un autoportrait, avec toute la créativité dont un photographe peut faire preuve lors de sa propre représentation.
Ils sont le témoignage de la sensibilité et d’une émotion à fleur de peau qui peuvent se dégager d’un autoportrait.
Alors ? Quel autoportrait êtes-vous prêt à réaliser de vous ?