Qu’est-ce que l’autocritique ?
La définition de l’autocritique est la suivante : « jugement, critique de son propre comportement ou travail ».
En photographie, il s’agit d’apporter un jugement, le plus objectif possible, sur une image déjà prise, un travail terminé. Cependant, l’objectivité est très compliquée à atteindre lorsque nous sommes face à notre propre travail. D’autant plus que la photographie s’inscrit dans une logique d’émotion lors de la prise de vue.
C’est pourquoi il faut que l’autocritique soit constructive et qu’elle fasse partie du travail global « d’après prise de vue » (au même titre que le tri, le post-traitement…). Il convient de fournir un travail précis et adapté. Et cela s’apprend…
Pourquoi faire de l’autocritique une étape de travail ?
Progresser
L’unique but de l’autocritique est d’améliorer la qualité de ses photos à venir.
Malgré toute l’attention que vous avez pu porter à la composition, la lumière et autres techniques de base, il se peut que des erreurs se soient glissées tout de même sur vos images.
L’analyse que vous prenez le temps de faire va vous permettre de repérer des maladresses que vous pourrez ne pas répéter lors des prises de vues suivantes.
Se rapprocher de l’intention photographique
Lors de la prise de vue, le photographe compose son image en fonction de son intention photographique ; c’est-à-dire ce qu’il veut retrouver sur sa photo en terme de composition, émotion, message…
C’est seulement une fois que la photo a été prise qu’il peut juger de la cohérence du résultat avec son intention première.
Comment travailler l’autocritique ?
Critiquer ses propres images s’apprend par la pratique et la répétition de l’entrainement. Cette tâche peut paraitre dévalorisante pour son travail mais c’est en fait exactement l’inverse qui se produit.
Afin qu’elle soit efficace, l’autocritique doit être suffisamment structurée et apporter un jugement objectif.
Effectivement, cette analyse prend un peu de temps… mais je peux vous assurer qu’il s’agit de temps gagné sur votre apprentissage de la photographie !
Le plus simple est d’établir une liste des différents aspects à analyser et sur lesquels un ajustement permet de gagner réellement en qualité. Dès cette liste établie, il ne reste plus qu’à débusquer les erreurs et comprendre comment les corriger pour la prochaine prise de vue.
La check-list d’Alex Morrison
Alex Morrison est une photographe canadienne récompensée par de nombreux prix. Elle a, entre autre, écrit un article pour le « Digital Photography School » dans lequel elle évoque une check-list en dix points pour une autocritique constructive. De nombreux photographes ont intégré cette approche.
L’analyse d’une image doit se réaliser sur différents aspects par un contrôle rapide :
- l’impact
- l’histoire
- la créativité
- le style
- la composition
- l’identification du sujet
- la lumière
- l’adéquation du sujet à l’histoire
- les couleurs
- la technique
Ma check-list personnelle
J’ai pour ma part établi une check-list qui m’est tout à fait personnelle. Elle consiste à me poser quelques questions simples afin d’analyser mes images. Mon autocritique s’appuie sur les réponses que je peux donner à ces questions.
L’étude poussée de mes images se réalise lorsque je les ai transféré sur mon ordinateur :
- après le premier tri, lorsque je supprime les photos floues, mal « éclairées », comprenant un élément perturbateur dans le cadre…
- avant le post-traitement
L’examen de mes images est une étape obligée avant de valider ou pas une photo. Si la qualité n’est pas au rendez-vous, inutile d’aller plus loin avec une image.
Une « bonne » photo doit pouvoir répondre à certaines attente. C’est pourquoi je me suis préparer une petite liste de cinq questions.
Si vous voulez essayer ma technique, je vous expose ci-dessous mes étapes de questionnement. Je les ai organisées dans cet ordre car il me parait le plus judicieux pour une progression adaptée.
1/ Est-ce que mon sujet est clairement identifiable ?
Chaque image possède un sujet qui doit être facilement identifiable pour le spectateur. C’est la raison pour laquelle une image semble cohérente et revêt une importance. Car quel est l’intérêt de prendre une photo s’il n’y a pas de sujet ?
Souvent, sauf volonté particulière du photographe, le sujet est placé sur les points forts du cadre (voir la règle des tiers et ses points d’intersection). La mise au point est également faite sur lui pour plus de netteté.
2/ Est-ce que mon message est explicite ?
Une image doit, pour moi, raconter une histoire, être le reflet d’un instant saisi pour ce qu’il a à transmettre.
Le spectateur doit pouvoir recevoir ce message et le comprendre au premier coup d’œil. S’il est trop complexe ou ne passe pas, l’image perd de son attrait.
3/ Est-ce que la composition de mon image sert mon intention ?
En réfléchissant à la composition de mon image (la façon dont j’arrange les éléments dans le cadre), je mets en avant mon intention photographique, ce que je veux rendre et transmettre.
Les règles de composition ont chacune un but bien précis, c’est pourquoi les maitriser parfaitement est un atout indéniable.
4/ Est-ce que l’image véhicule des émotions ?
Le photographe photographie rarement pour lui-même, son but est de montrer ses images pour procurer des émotions… C’est d’ailleurs la finalité de tous les arts.
Lors de la prise de vue, le photographe a ressenti une émotion qu’il souhaite partager. Si l’image finale ne permet pas cette connexion des sens, alors où est sa légitimité ?
5/ Est-ce que ma démarche est suffisamment créative ?
Car à quoi servirait-il de faire une image mainte fois reproduite ? Mon objectif en tant que photographe est d’apporter quelque chose de nouveau. Reproduire ce qui l’a déjà été n’a pas grand intérêt.
Pour remédier à cela j’utilise mes compétences techniques autant que mon sens artistique. Et j’ose même parfois contourner les règles de base de la photographie pour laisser suffisamment d’espace à ma créativité…
L’autocritique comme outil d’amélioration
Une autocritique constructive, menée avec bienveillance, vous permet de progresser. Nous venons de voir ensemble comment l’articuler pour quelle soit le plus efficace possible.
Au fur et à mesure de vos progrès en photographie et de votre maitrise des techniques, ce temps destiné à l’autocritique va se réduire drastiquement. Car d’un premier coup d’œil vous serez capable de juger de la qualité d’une image.
Gardez bien en mémoire que chaque photo doit passer par cet examen complet qu’est l’autocritique.
EXERCICE : Je vous propose un petit exercice pour vous entrainer à faire l’autocritique de vos photos. Prenez au hasard cinq de vos photos et imprimez-les. Entourez et annotez directement dessus les points qui réduisent la qualité de vos photos.
Je vous propose de réaliser par écrit ce que vous ferez ensuite mentalement, de façon bien plus rapide.