Steve McCurry est un grand photographe américain contemporain. Et lorsqu’il présente sa dernière exposition près de chez vous, vous savez tout de suite ce que vous allez faire le week-end suivant…
Exposition de photographies à Lyon : Steve McCurry
Cette semaine, je suis allée voir l’exposition incontournable dédiée au travail photographique du célèbre photographe américain Steve McCurry à La Sucrière à Lyon : « Le Monde de Steve McCurry ».
Je ne peux que vous conseiller cette sortie très riche d’enseignement ! S’inspirer des plus grands photographes n’est pas une option mais juste une obligation. Comment apprendre la photographie en passant à côté d’une telle source d’inspiration…
L’expo, c’est 200 photographies iconiques présentées pour les 35 ans de carrière du photographe mondialement connu… Et quand je dis que tout le monde le connaît je n’exagère pas… Peut-être sans le savoir, vous avez déjà vu au moins un de ces clichés…
Il est le photographe reporter qui a photographier la jeune afghane aux yeux verts qui a fait la couverture du « National Géographic » en juin 1985 ; l’une des photos les plus célèbres du XXème siècle.
Cette magnifique exposition est une invitation au voyage, une ode à l’humanité… qui vous transporte pendant deux heures… Car il faut prendre son temps pour ne rater aucun détail du travail soigné de Steve McCurry.
C’est la rétrospective la plus vaste et la plus complète dédiée à ce grand photographe.
L’Homme, avec un grand H, y est magnifié sur des portraits d’où émane une émotion incroyable ; mais également dans de nombreux aspects de la vie quotidienne.
L’exposition est faite de telle sorte que le visiteur peut déambuler comme il le veut (pas de sens de visite contraignant). Il peut revenir sur ses pas facilement.
L’émotion est au détour de chaque photographie, reportée sur d’immenses panneaux. Je me suis sentie réellement entourée, cernée, enveloppée par la beauté à l’état pur… vous l’avez compris : j’ai adoré !!!
L’éclairage est exceptionnel ! Les photos semblent illuminées de l’intérieur. Ceci donne une puissance incomparable aux clichés.
Steve McCurry : le photographe
Steve McCurry est né aux États-Unis en 1950.
Il travaille comme photojournaliste pigiste dans un journal jusqu’en 1978. Puis il part en Inde pour la première fois (à ce jour il est allé dans ce pays plus de 80 fois).
A cette époque, il traverse illégalement la frontière entre le Pakistan et l’Afghanistan et se retrouve dans les zones contrôlées par les « combattant de l’islam » (les moudjahiddins du peuple). Il vit avec eux, adopte leurs vêtements et leur mode de vie et photographie ces hommes au quotidien.
Steve McCurry est sur place juste avant l’invasion soviétique ; ce qui fait de lui le seul photo-reporter étranger présent lors de l’évènement. A son retour, ses image sont publiées dans le monde entier. Ce sont les premières à montrer et relater ce conflit.
Son reportage obtient le Prix Robert CAPA Gold Medal en récompense du meilleur reportage photographique à l’étranger. Cette distinction récompense les photographes ayant fait preuve de courage et d’un esprit d’initiative exceptionnels.
Steve McCurry est sans cesse en quête de l’Instant… Toute sa carrière suit ce précepte.
« Je suis à la recherche de l’inattendu, le moment du hasard maîtrisé, qui permet de découvrir par accident des choses intéressantes que l’on ne cherchait pas ».
Steve McCurry
Les portraits
Le photographe est connu pour son usage et sa maîtrise des couleurs et cette aptitude se retrouve particulièrement dans les portraits cadrés mi-torse.
Les portraits sont chez Steve McCurry d’une beauté incroyable. Il semble capter l’âme de ses modèles, leurs émotions à l’instant où le cliché est pris. Il s’en dégage de fait une force extraordinaire.
Toujours, la mise au point est faite sur les yeux afin de mettre en avant et faire ressortir un regard expressif, empli de sentiments divers.
« De manière inconsciente, je crois, je guette un regard, une expression, des traits ou une nostalgie capable de résumer ou plus exactement de révéler une vie ».
Steve McCurry
Les arrières-plans de certains portraits réalisés in-situ sont fouillés de manière à apporter de l’information supplémentaire. Grâce à un flou de profondeur de champ maîtrisé, des détails apparaissent comme « volés » à la réalité. Ainsi le personnage central est judicieusement replacé dans son environnement, dans son activité quotidienne.
Cette composition donne de la spontanéité au cliché, le modèle paraît pris sur le vif dans son quotidien, comme au détour d’une rencontre inopinée.
La couleur
Le photographe joue avec les couleurs. Il recherche le contraste qui permet de donner de l’émotion au spectateur. La vivacité des couleurs saute au yeux. Lors de l’exposition, l’éclairage sublime donne encore davantage de puissances aux photographies présentées.
On peut se rendre compte de toute la patience nécessaire au photographe, en général, professionnel ou pas, pour être là lorsque le cliché devient unique.
Pour la photographie suivante, Steve McCurry est venu de nombreuses fois, à plusieurs heures de la journée sur le site afin de bénéficier de la plus belle lumière. Il est à la recherche de celle qui permet de mettre en valeur la roche de cette montagne (couleur et texture) où un temple a été construit… Ce soir-là, la lumière de fin de journée est exceptionnelle.
Mais ce qui l’est encore plus, c’est la présence de ces trois moines habillés de rouge qui gravissent les escaliers et donnent mouvement et intensité au lieu. Ils apportent l’humanité nécessaire pour faire d’un cliché une GRANDE photographie, unique en son genre, qui ne pourra jamais être reproduite…
Car c’est là toute la beauté de la photographie : le cliché unique !
Il ne faut pas oublier que « photographie » signifie étymologiquement « écrire avec la lumière ».
La lumière est partout. Elle est changeante à toutes heures… même au coin de votre rue… C’est pourquoi il n’est pas nécessaire d’aller au bout du monde (lumière du matin, du soir, d’après ou avant l’orage…).
Cependant, une parfaite maîtrise de la lumière est indispensable pour un résultat final intéressant. De fins réglages permettent une bonne exposition.
Le cadre dans le cadre
J’ai plusieurs fois été séduite pendant l’exposition par des photographies dont la composition visuelle est très travaillée comme la notion de cadre dans le cadre. C’est un effet qui me plait beaucoup. J’ai pu le voir pratiqué par un expert de la photo… et c’est juste magique.
Ici nous avons un cadre dans le cadre dans le cadre dans le cadre… Cette accumulation de cadres pour une seule personne, c’est ce qui donne la force de cette image.
Je trouve cette photo incroyablement belle, émouvante et originale… dans un train en Inde…
Il est très important d’apprendre des professionnels. Courez dans les expos. Imprégnez-vous de leur talent. Prenez des idées originales afin de tenter de vous les approprier à votre façon, selon votre style.
Les conflits armés / le 11 septembre
Steve McCurry a couvert de nombreux conflits armés à travers le monde. L’exposition débute par plusieurs clichés en noir et blanc réalisés en Afghanistan, en 1979, alors qu’il partage le quotidien des combattants.
Il a toujours traité ce sujet en s’intéressant aux conséquences sur les hommes, les femmes et les enfants qui subissaient ces conflits, sur leur quotidien bouleversé, sur leur environnement réduit en ruines, sur leur courage.
Le 11 septembre 2001, Steve McCurry est chez lui à New-York lorsque l’avion percute l’une des tours du World Trade Center. Il se précipite sur le toit de son immeuble qui lui offre une vue dégagée sur les effroyables évènements. Entre le moment où il commence à photographier et l’écroulement de la première tour, il se passe 40 minutes. Il se rendra ensuite sur les lieux afin de saisir l’innommable.
« J’ai essayé de traduire sur la pellicule ce que je ressentais, l’horreur et la perte. C’était totalement un autre niveau du mal ».
Steve McCurry
L’afghane aux yeux verts
Sharbat Gula a 13 ans lors du cliché qui paraitra en couverture du National Géographic. Ses parents ont été tués. Elle s’est réfugiée au Pakistan avec sa grand-mère et son frère. Après des kilomètres parcourus à pied et des mois d’errance, ils ont trouvé refuge au camp de Nasir Bagh au Pakistan.
Suite au cliché, elle devient malgré elle le symbole de l’exode des afghans hors de leur pays vers des pays voisins afin de fuir une guerre effroyable.
En 2002, 17 ans après le premier cliché, Steve McCurry décide de partir à la recherche de la petite afghane dont le portrait a fait le tour du monde. Il la retrouve dans un village isolé d’Afghanistan. Pour la seconde fois, elle accepte d’ôter son voile pour être photographié à nouveau.
Une exposition incontournable
Cette exposition aux 200 photographies intitulée « Le Monde de Steve McCurry » tourne déjà depuis plusieurs années dans le monde, toujours avec le même succès.
Si je vous ai donné envie d’en connaitre davantage sur Steve McCurry, le voyage ne s’arrête pas là…
Alors je vous conseille d’aller faire un petit tour sur son site www.stevemaccurry.com et découvrez une multitude d’images incroyables.