Avec l’approche du 14 juillet et ses feux d’artifice, chacun veut réussir ses photos. Apprendre et comprendre les réglages permet de réaliser des images qui sortent de l’ordinaire. Et ajouter un peu de créativité dans la composition représente un plus pour de belles photos.
Alors pourquoi un énième article sur la question me demanderez-vous ? Parce qu’il est toujours bon de se remettre en mémoire une technique photographique qui revient si peu souvent dans notre pratique quotidienne. Ces spectacles pyrotechniques de grandes ampleurs (au-delà des anniversaires et mariages… bien plus petits) sont l’occasion de quelques réglages bien particuliers, certes peu compliqués mais qui ne supportent pas l’à peu près.
Cet article se présente comme un pas à pas simplifié à son maximum pour se mettre à la portée de chaque photographe même le débutant de la première heure, l’autodidacte qui apprend seul…
Comment photographier un feux d’artifice ?
Afin d’arriver à un résultat final à la hauteur de vos attentes, il vous faut suivre quelques étapes nécessaires. Je réponds donc à toutes les questions que vous vous posez.
Où se placer pour de belles photos ?
Le lieu où vous allez vous installé doit être choisi avec soin. Les feux d’artifice sont des spectacles qui attirent beaucoup de monde. Si vous ne faites pas un peu de repérage au préalable vous risquez de vous retrouver en mauvaise posture…
Si vous voulez éviter ça ⏫ choisissez le bon endroit.
Lors de votre repérage tenez compte de quelques critères qui me semblent importants :
- renseignez-vous pour savoir d’où les feux d’artifice sont tirés pour vous placer dans l’axe.
- cherchez un endroit dégagé afin d’avoir une vue globale et large du spectacle.
- veillez à ne pas être trop près pour vous laisser des opportunités créatives et de composition autres que les seules gerbes dans le ciel (nous reviendrons sur ce sujet) ; mais bien sûr tout est question de bon sens et d’intention photographique, trop loin vos photos donnent un message différent.
- positionnez-vous un peu en hauteur pour éviter d’être gêné.
Quel matériel pour des photos de feux d’artifice ?
L’appareil photo
A priori, smartphone, compact, hybride, reflex conviennent tous. Mais dans la pratique, nous verrons que si vous ne voulez pas photographier avec le Mode Scène « feux d’artifice » qui gère tout comme il peut, il vous faudra un appareil photo disposant du mode manuel et pouvant proposer des vitesses d’obturation de plusieurs secondes.
L’objectif
Un objectif grand-angle permet d’englober largement la scène. Cependant, le plus souvent, un objectif 18-55mm est suffisant pour répondre à vos besoins ; pas la peine d’un ultra grand-angle.
Pour ma part j’aime assez l’utilisation du zoom (plutôt q’une focale fixe) car il permet des recadrages dans le « feu » de l’action 😉 afin de passer d’un cadrage serré sur les gerbes à un autre plus large pour intégrer l’environnement.
Le trépied
Prendre des photos de feux d’artifices sans trépied c’est possible mais très inconfortable et avec le risque de bien vous compliquer ce shooting !
Bien sûr que vous pouvez installer votre appareil sur un muret ou un élément de mobilier urbain à proximité mais ce n’est vraiment pas l’idéal.
L’utilisation du trépied vous donnera la stabilité nécessaire pour effectuer des poses longues. Accompagné d’une télécommande filaire ou à déclenchement à distance, vous pourrez sans difficulté procéder à des vitesses d’obturation supérieures à 4 secondes.
Les cartes mémoires et batteries
Avant de partir, n’oubliez pas de vérifier deux choses importantes :
- batterie chargée à fond (voire prévoir une batterie de secours) car vous allez tirer dessus tout le temps que dure le feu d’artifice, sans répit. Selon la longueur du spectacle ce peut être vraiment très énergivore !
- deux cartes mémoires sont nécessaires si vous comptez prendre beaucoup de photos. Le format RAW que je vais vous inciter à utiliser (si ce n’est pas encore le cas) produit de lourds fichiers. Si vous débutez dans la photo de feux d’artifice vous allez beaucoup tester et donc beaucoup shooter. Il serait vraiment très dommage de rater le bouquet final à cause d’une carte mémoire pleine…
Quels réglages adopter pour photographier les feux d’artifice ?
Afin de réussir vos photos de feux d’artifice, il y a quelques règles à suivre car le sujet est toutefois un peu particulier. Il s’agit d’un sujet en mouvement qui disparaît au bout de quelques secondes.
C’est pourquoi ce sujet nécessite une certaine réactivité du photographe et l’acquisition d’un peu de technique.
Avant de partir
Vous pouvez procéder à quelques réglages indispensables sur votre appareil photo en choisissant certaines options :
- tourner la molette sur le Mode Manuel (première chose à faire car c’est juste indispensable)
- shooter en format RAW (pour une meilleure qualité d’image et un post-traitement efficace)
- désactiver le flash (inutile à cette distance du sujet)
- désactiver l’autofocus de votre objectif (il risque de patiner sans trouver le moyen de faire la mise au point)
Pendant les prises de vue
Mode Manuel
En choisissant de photographier en Mode Manuel vous pouvez interagir sur toutes les fonctions selon votre volonté. Cela va sûrement vous demander plusieurs essais afin de vous adapter parfaitement aux conditions.
Peut-être vous étonnez-vous car en général je vous conseille d’utiliser le Mode Priorité à l’Ouverture (Av chez Canon ou A chez Nikon). Mais la particularité de la photo de feux d’artifice réclame ce changement de mode.
Avec le Mode Manuel, vous pouvez jouer sur les trois notions piliers de l’exposition :
- ouverture du diaphragme
- vitesse d’obturation
- sensibilité ISO.
Sensibilité ISO
Contrairement à ce que nous pouvons penser, ce n’est pas parce que nous effectuons des photos de nuit qu’il faut monter la sensibilité ISO.
Deux raisons à cela :
- éviter le bruit numérique qui altère la qualité de l’image.
- les gerbes du feu d’artifice produisent en fait déjà beaucoup de lumière.
C’est pourquoi régler la sensibilité ISO à 100 ou 200 suffit. Ne dépassez pas en tout cas 400 ISO.
Ouverture du diaphragme
Il vous faut une bonne profondeur de champ afin d’avoir une netteté sur toute l’image. Je vous conseille donc une ouverture de diaphragme entre f/8 et f/16. Commencez avec une valeur intermédiaire à f/11 pour vous laisser une marge d’adaptation en fonction des premiers essais.
Selon le cadrage retenu, si vous faites entrer dans le cadre des éléments du paysage éloignés, f/16 peut être intéressant. Cependant, il ne faut pas oublier que dans cette option, en fermant davantage le diaphragme, vous allez perdre en quantité de lumière venant frapper le capteur.
Avec le Mode Manuel utilisé ici, toute intervention doit être compensée au sein du triangle d’exposition.
Vitesse d’obturation
Avant de pratiquer sérieusement la photographie, je pensais qu’il fallait programmer une vitesse rapide pour figer cet instant éphémère que constitue chaque gerbe d’un feu d’artifice… GROSSIÈRE ERREUR !
Une vitesse rapide fige les points lumineux, comme ci-dessous, et cela ne permet pas de visualiser la progression des bombes pyrotechniques.
Photographier des feux d’artifice demande une pose longue, de plusieurs secondes. Comme dans le Light Painting, vous devez saisir la permanence de la lumière : de l’éclatement de la gerbe jusqu’à la descente des feux.
Commencez à régler la vitesse d’obturation à 4 secondes. Puis vous aurez tout le loisir d’aviser en fonction du résultat. Des cas de sur ou sous-exposition peuvent se produire. Aidez-vous de l’histogramme de l’image afin de corriger vos réglages.
Vous comprenez maintenant pourquoi le trépied est indispensable ! Sans trépied c’est un flou de bougé garanti !
Astuce : utilisez la fonction Bulb si votre appareil photo en dispose. Les reflex en sont munis normalement. Il est reconnaissable soit par un « B » sur la molette des modes, soit disponible dans le menu. Cela permet de juger in situ du nombre de secondes nécessaires : tant que vous garder le doigt appuyé sur le déclencheur (ou le bouton de la télécommande), l’obturateur reste ouvert. C’est juste super pratique ! Pas d’estimation compliquées à faire, c’est vous qui décidez de stopper le temps de pose en relâchant le déclencheur.
Netteté
En désactivant l’autofocus, vous prenez la main sur la mise au point :
- approchez-vous du signe « infini » (∞) sur votre objectif s’il en dispose.
- sinon tourner la bague de netteté jusqu’à obtenir une image nette.
Après, de retour à la maison
Un passage rapide en post-traitement peut permettre de :
- raviver les couleurs
- accentuer les contrastes
- recadrer les images (parfois le cadrage manque de soin, pris dans l’action)
Récapitulatif des réglages de base
Ces réglages correspondent à ceux qui donnent globalement les meilleurs résultats. Cependant des photos « test » et des adaptations seront certainement nécessaires.
- trépied stable
- Mode Manuel
- format RAW
- désactivation du flash
- désactivation de l’autofocus
- ouverture du diaphragme f/11
- sensibilité ISO 200
- temps de pose (vitesse d’obturation) 4 s.
Des photos de feux d’artifice plus créatives
Certes tout le monde n’a pas la chance d’assister au feu d’artifice de Paris, New-York ou Vancouver…
Cependant introduire une partie du paysage peut se révéler très intéressant pour une image plus créative. La référence à l’endroit donne de la force à votre image.
Ce peut être aussi l’intégration dans le cadre d’un élément plus ou moins discret. Il vient ainsi cassé la monotonie des grandes gerbes photographiées en plan serré.
Bientôt le 14 juillet
Nous sommes à quelques jours du 14 juillet [enfin tout dépend quand vous lirez cet article ;-)]…
Vous avez maintenant la technique avec les réglages de base appropriés. Il ne vous reste plus qu’à expérimenter, à tester, à travailler votre composition.
Alors shootez, shootez, shootez !!!