Réfléchir avant d’appuyer sur le déclencheur
Pourquoi devons-nous nous interroger avant d’appuyer sur le déclencheur ?
Quantité Vs Qualité
Le numérique nous permet de prendre un nombre incalculable de photos sans contrainte particulier, sans coût faramineux… Alors pourquoi s’imposer ce temps de réflexion ?
Parce que comme le dit l’adage :
La quantité n’est pas gage de qualité.
A ses début, le photographe amateur a tendance à multiplier les photos espérant un peu que sur la quantité il y en ait quelques unes de bonnes. Souhaitez-vous réellement laisser votre pratique de la photographie aux mains du hasard ?
L’intention photographique
L’intention photographique n’est pas une vaine expression. Elle existe et se murit. C’est elle qui va être à l’origine de votre progression en modifiant votre façon de prendre des photos.
Je vous propose quelques secondes de réflexion pour transformer une photo banale en une image réussie.
Certes il est possible d’appliquer quelques retouches en post-traitement à votre image mais celles-ci n’en transforment pas la qualité, elles ne font qu’éviter le pire.
C’est pourquoi il est primordial de s’imposer un peu de réflexion et se poser 5 questions simples et indispensables avant d’appuyer sur le déclencheur frénétiquement.
5 questions judicieuses avant d’appuyer sur le déclencheur
1 / Quel est mon sujet ?
Le sujet est l’élément principal de votre image. C’est sur lui que vous voulez concentrer et diriger le regard du spectateur.
Placement dans le cadre
La composition d’une l’image suit certaines règles qui permettent d’arranger harmonieusement les différents éléments qui s’organisent dans le cadre.
Un sujet bien définit est servi par cette composition pour être mis en valeur. Différentes notions peuvent alors être sollicitées :
- les plans
- la profondeur de champ
- la règle des tiers
- les lignes et diagonales
Le sujet peut prendre n’importe quelle place dans le cadre mais il doit être immédiatement identifiable. Si le spectateur ne reconnaît pas d’emblée le sujet, cela signifie que vous avez mal amené votre sujet. Ce manquement crée de la confusion. Et la confusion nuit à la qualité d’une image !
Netteté
Sauf exception et volonté affirmée du photographe, la netteté se fait TOUJOURS sur le sujet, quelle que soit sa position dans le cadre.
La netteté doit être parfaite. S’il existe un point sur lequel il est impossible de déroger ou de faire de l’à peu près, c’est bien celui-ci !
Pour les portraits, il est très important de rappeler que la mise au point (là où la netteté est la meilleure) se fait sur les yeux. Car il s’agit de la zone d’émotion par excellence.
Exercice pratique
Afin de mettre en pratique les conseils ci-dessus, je vous propose un petit exercice concret.
Sans votre appareil photo, et ce point est très important, regardez autour de vous l’espace de 3 minutes. Observez des sujets potentiels. Composez mentalement le cadrage idéal. Imaginez l’image final. Au besoin, bougez et faites quelques pas pour changer d’angle. Vous pouvez également joindre vos doigts afin de former une sorte de cadre que vous promenez à la recherche du bon cadrage.
Avec cet exercice, je vous incite à prendre le temps de la réflexion avant d’appuyer sur le déclencheur. Et vous verrez que la qualité de vos images sera au rendez-vous.
2/ Quelle est mon intention photographique ?
Cette question revient à se demander : quelle histoire est-ce que je veux raconter avec ce cliché ?
Cette notion d’histoire à raconter est toujours présente dans l’esprit des grands photographes. Je vous propose une citation de Destin SPARKS à ce sujet.
La photographie est une histoire que je n’ai pas réussi à raconter avec des mots.
Destin SPARKS
L’intention
En prenant une photo, le photographe répond à une intention : une histoire qu’il veut raconter, un message qu’il veut faire passer, une émotion qu’il veut transmettre…
En arrangeant sa composition, c’est à dire en organisant dans le cadre les différents éléments de l’image, il a déjà une idée de ce qu’il souhaite partager.
L’idée du résultat final ou intention prend en considération de nombreuses informations :
- le sujet et son positionnement
- la profondeur de champ
- une image figée ou en mouvement
- …
Plusieurs choix doivent se faire afin d’obtenir une image en accord avec ce qu’attend le photographe. Mais si nous nous arrêtons là, le résultat risque d’être simplement pas trop mauvais… [oui je suis dure parfois]
L’intention doit s’accompagner d’un halo de sentiments qui entoure l’image pour créer une atmosphère particulière. Elle ne peut se concevoir sans détails qui aiguisent l’émotion… Et c’est là qu’entre en scène l’histoire…
A chaque photo son histoire
Raconter une histoire ce n’est pas simplement dire : « Je veux faire une photo de mon fils qui joue avec ses Lego ».
Mais raconter une histoire en photographie ce serait plutôt : « Je veux rendre le sérieux avec lequel mon fils construit un univers de Lego qui reflète son imaginaire sans limite. Comme l’arrière plan n’est pas forcément intéressant, je joue avec une profondeur de champ maitrisée pour atténuer le fond. Je fais la netteté sur le visage de mon fils s’il ne me regarde pas mais sur ses yeux s’il les lève vers moi. J’hésite entre deux rendus : un net en figeant l’image (avec une vitesse d’obturation élevée) et un flou pour marquer son dynamisme pendant le jeu (avec une vitesse plus basse) afin de donner un flou de mouvement. Si je veux le montrer « roi » de son univers, je peux choisir la plongée comme angle de prise de vue ».
Mais mon histoire, tout en gardant le même sujet et le même thème peut être complétement différente : « Je peux vouloir monter la dextérité avec laquelle mon fils assemble ses pièces de Lego. Je peux choisir un plan serré sur ses mains occupées à les empiler les unes sur les autres. Seule cette action m’importe donc je fais disparaitre tout le reste avec une profondeur de champ très réduite ».
Comme vous pouvez le voir : à chaque image son histoire ! L’intention du photographe permet de la raconter en y incluant des sensations, des ressentis. N’est-ce pas pour cela que nous voulons figer certains moments de la vie ? Pour l’émotion…
Exercice pratique
Voyons comment vous racontez les histoires…
Appuyez-vous sur l’une de vos photos et racontez son histoire. Tout d’abord votre intention photographie avant même d’appuyer sur le déclencheur, puis les choix de composition et de réglages que vous avez fait pour aller en ce sens et servir votre image.
Cet exercice permet de donner plus d’émotion à vos photos. En évoquant précisément ce que vous souhaitez transmettre, vous réfléchissez à la manière d’y parvenir et vous faites les choix nécessaires à l’obtention de ce résultat final.
3/ Est-ce que ma composition est favorable et sert mon image ?
Comme nous l’avons brièvement évoqué précédemment, la composition va permette de placer les éléments présents dans le cadre de manière à suivre certaines règles de base en photographie.
Les personnes qui ont lu cet article ont également consulté 5 règles de composition en photographie. Elles ont aussi télécharger l’ebook disponible ci-dessous.
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Les questions à se poser pour une composition optimale sont multiples :
- quel angle de prise de vue est le plus approprié ? plongée, contre-plongée, plan serré…
- suis-je assez proche de mon sujet ? faire un pas de plus en avant, choisir un zoom plus puissant…
- est-ce judicieux d’inclure un premier plan ? ou pas…
- mon arrière-plan est-il agréable à regarder ? grande ou petite profondeur de champ…
- les bords du cadre ne comportent-ils pas d’éléments parasites ? pas de bout de route ou de personne…
- tous les éléments importants sont-ils bien dans le cadre ? pas de coupure intempestive…
- ai-je soumis mon image à la règle des tiers ? points de forces…
- ma ligne d’horizon est-elle bien droites ? idem pour les lignes verticales aussi…
Cette liste peut paraitre fastidieuse au premier abord mais il s’agit en pratique d’une check-list très rapide à appliquer. Quelques secondes suffisent pour parcourir le tour du cadre et réaliser ce contrôle avant d’appuyer sur le déclencheur.
4/ Est-ce que j’aurai plaisir à regarder cette photo dans l’avenir ?
Le piège du numérique
Si vous travaillez en numérique, vous avez certainement tendance à prendre beaucoup de photos… J’ai même envie de dire beaucoup trop ! Mais nous sommes tous pareil rassurez-vous.
Il est déjà suffisamment compliqué de trier ses photos. Alors ce n’est vraiment pas la peine de se rajouter du travail avec des quantités astronomique de clichés.
Avec le numérique, appuyer sur le déclencheur est un jeu d’enfant. Mais cela peut très rapidement devenir compulsif. Déclencher sans réfléchir pour tout photographier est une erreur monumentale ! C’est une erreur d’amateur…
Il ne faut pas oublier que le plaisir du photographe réside essentiellement dans l’acte photographique dans son ensemble :
- composer son image
- raconter une histoire
- transmettre des émotions
- avoir une approche créative ou artistique
- … et beaucoup plus encore en fonction de chacun
Évitez le piège et posez-vous la question de l’intérêt de l’image.
L’intérêt d’une image
Maintenant, avant d’appuyer sur le déclencheur, posez-vous la question de savoir si dans quelques mois ou années, ou même la semaine prochaine, vous aurez plaisir à contempler cette photo.
Est-ce qu’elle sera source d’émotion ? Cela revient à se demander si le sujet est assez puissant pour interpeler une fois le moment présent passé.
A-t-elle ce « truc » en plus qui la rend intemporelle et intéressante ? C’est typiquement une image qui déclenche un « ah oui ! » ou sur laquelle le regard reste accroché. Il n’y a rien de pire que ces images sur lesquelles passe le regard sans s’arrêter. Cela signifie qu’elles ne déclenchent rien en soi. Elles laissent indifférent… Et l’indifférence en photographie c’est la preuve irréfutable que l’image est ratée…
Est-ce qu’elle aura un intérêt ? Quand je parle d’intérêt, je sous-entend un intérêt :
- photographique
- créatif
- artistique
- personnel
Nous sommes toujours dans une optique de qualité primant sur la quantité. D’autant plus que cette simple réflexion va considérablement jouer et avoir de l’impact sur votre progression.
En déclenchant tout azimut, vous avez toujours la tête dans le viseur et vous ne prenez pas le temps de regarder… de voir et de découvrir certaines choses qui demandent du temps pour être appréhendées. Vous risquez de rater de belles choses qui auraient méritées que vous leur accordiez un peu de temps et peut-être un cliché ou deux…
Et surtout, ne partez pas du principe que si vous prenez beaucoup de photos il y en aura forcément quelques unes de pas trop mauvaises dans le lot ! Ce n’est pas le discours de quelqu’un qui veut progresser en photographie. Cela ne peut pas être votre discours ! Je vous l’interdit ! [et oui je peux être très autoritaire quand il le faut ;-)]
Exercice pratique
Adepte du numérique, je vous propose un petit retour dans le temps…
Lâchez pendant quelques jours le numérique pour l’argentique ! Vous trouverez sans mal au fond d’un tiroir ou chez vos parents ou grands-parents un appareil photo argentique, avec pellicule (12/24/36 poses). Sinon pour moins de 5€ les brocantes en regorgent… Les pellicules vous limitent en nombre de poses et vous incitent à la réflexion avant d’appuyer sur le déclencheur. Organisez-vous une séance photo de deux heures avec une pellicule de 24 poses… C’est un véritable challenge !
L’achat de la pellicule et les frais de développement des photos ont un coût et vous allez de vous même comprendre la nécessité de ne pas photographier si l’image ne revêt pas un intérêt certain.
5/ Est-ce que mes réglages sont appropriés ?
Maintenant, passons à l’aspect plus technique de la réflexion car sans elle pas de photo.
« Photographier » signifie « écrire avec la lumière ». Cela revient à dire qu’il n’y a pas de photo possible sans lumière et surtout sans maitrise de cette dernière.
Le triangle d’exposition
Trois paramètres interagissent entre eux afin de régler l’exposition d’une image :
- l’ouverture du diaphragme (le diamètre d’ouverture f/-) :l’augmentation de l’ouverture laisse entrer plus de lumière.
- la vitesse d’obturation (le temps d’exposition à la lumière) : la diminution de la vitesse l’obturation réduit la quantité de lumière entrante car elle passe moins longtemps.
- la sensibilité ISO (la sensibilité du capteur ou de la pellicule pour l’argentique) : son augmentation permet d’envoyer davantage de lumière sur le capteur.
Les personnes qui ont lu cet article ont également consulté L’exposition en photographie.
Cette notion reprend les trois axes principaux de réglages disponibles sur votre appareil photo. chacun s’adapte en fonction des deux autres.
Les modes de l’appareil photo
Bien sûr, les réglages dépendront essentiellement du mode avec lequel vous choisissez de photographier :
- le mode A ou Av permet de choisir l’ouverture du diaphragme. Celui-ci règle la profondeur de champ.
- le mode S ou Tv permet de choisir la vitesse d’obturation pour les sujets en mouvement.
- le mode M est entièrement manuel et demande de réelles connaissances techniques. Le photographe contrôle tout en même temps : ouverture du diaphragme, vitesse d’obturation et sensibilité (ISO).
- le mode P est entièrement automatique ; pas de réglage à faire ; mais du coup peu de marge pour la créativité.
Le choix du mode utilisé modifie complétement les réglages à adopter.
C’est pourquoi vous devez le choisir en toute connaissance (et peut-être aussi un peu en fonction de votre niveau) et l’utiliser avec rigueur.
Lorsque vous vous posez la question des réglages appropriés à la situation, vous n’êtes pas dans l’apprentissage mais dans la mise en pratique. Cela sous-entend que vous connaissez et maitrisez déjà la technique. Vous êtes dans une simple réflexion sur quel réglage appliquer et non sur comment faire mon réglage.
Appuyer sur le déclencheur maintenant !
Vous vous êtes posé les bonnes questions. Vous avez compris, je pense, tout l’intérêt de la réflexion avant d’appuyer sur le déclencheur. Et bien vous avez déjà progressé sans même vous en rendre compte !
Alors je vous redonne le seul conseil qui vaille : shootez ! shootez ! shootez !