Ce mois-ci le tutoriel photo est un peu différent dans la mesure où il n’y aura qu’une notion abordée. C’est une prise de conscience de l’importance du post-traitement pour faire ressentir des émotions différentes à partir d’une même photo.
Je dois avouer qu’en commençant la rédaction de cet article spécial tutoriel je ne sais pas vraiment où je vais aller. En fait tout est parti d’une sorte de confusion. Je fais beaucoup de photographie en noir & blanc pour l’émotion que ce support me procure. Quand je prends une photo, souvent, je la vois déjà en noir & blanc dans mon viseur. Je sais d’avance qu’elle sera « passée » en noir & blanc. Mais lors du post-traitement de la photo qui a suscité cet article, j’ai été bien incapable de dire si je préférais la version couleur ou celle noir & blanc. Pour une raison assez simple je crois : les deux exemplaires me touchaient autant mais ils faisaient ressortir en moi des sentiments différents. C’est ce qui a justifié ce tutoriel photo plus porté sur les émotions que sur la technique.
Pourquoi un tutoriel photo ?
J’ai souhaité vous faire part de ma drôle d’expérience un peu confuse avec cet article décliné sous forme de tutoriel parce qu’il me parait plus intimiste. Et c’est de cette manière dont je veux traiter le ressenti face à une image.
En plus, je trouve que le tutoriel photo permet une compréhension plus juste en s’appuyant sur du concret.
Si vous suivez les tutos photo sur ce blog, vous savez déjà que j’accorde une grande importance à ce format d’article tout particulier. Il permet d’utiliser une pédagogie vivante et visuelle. C’est toujours très formateur de se frotter aux expériences des autres. Ici je partage la mienne avec vous.
C’est pourquoi j’ai pris l’habitude de publier chaque premier mercredi du mois un article, sous forme de petit tuto photo assez court mais cependant très intense en informations. Et je suis convaincue qu’ils apportent énormément aux débutants. Leur efficacité en terme d’apprentissage a fait ses preuves auprès de nombreux photographes. Et de la même façon, ils vous permettront de progresser vous aussi, c’est une évidence.
L’article de la semaine me permet donc d’évoquer deux notions vraiment très interdépendantes dans le cas qui nous intéresse ici…
- le ressenti ou les émotions qui émergent suite au post-traitement
L’objet de la confusion
Quand 1 photo = 2 images
Je me rends compte que je parle et je parle encore d’images que vous n’avez toujours pas vues…
Donc voilà la photo en question en couleur puis la même après son traitement en noir & blanc.


Cette image qui suscite tant d’interrogations chez moi n’est certes pas parfaite (je vais venir dans une seconde à son principal défaut) mais elle me touche par sa lumière et sa simplicité… Rien de plus simple qu’un trampoline, il y en a dans beaucoup de jardin…
L’histoire d’une photo imparfaite
Son grand défaut, ce sont des noirs complètements cramés au niveau des montagnes. Pour une raison simple : mon étourderie. J’avais shooté tout l’après-midi des enfants dans une piscine par une journée très ensoleillée. J’avais donc fixé un filtre polarisant sur l’objectif (pour éviter les reflets agressifs de l’eau et palier quelque peu à la forte luminosité)… Et j’ai oublié de l’ôter.
C’est le spectacle de cette fin de journée avec sa lumière particulière qui m’a incité à reprendre mon appareil… Je n’avais pas l’intention de le ressortir.
Tête en l’air que je suis, à aucun moment je n’ai repensé à ce filtre. J’ai pris plusieurs mauvais clichés sans comprendre ce qui n’allait pas. Comme je n’avais pas mon trépied avec moi, j’ai du monter les ISO aussi haut que possible, voire un peu trop haut… D’où le bruit numérique malheureusement bien visible.
Les lecteurs de cet article ont également consulté : « 11 situations où le trépied est indispensables ».
Par contre, à cause ou grâce à ce cafouillage (il faut bien l’admettre), j’ai tenté l’utilisation du flash basique de mon appareil, un peu désespérée… Et contre toute attente, la faible portée de mon flash est venu tout de même jusqu’à l’armature du trampoline, l’illuminant d’une manière un peu « surnaturelle » que j’aime beaucoup.
Tutoriel photo : comment traiter ses émotions ?
Au-delà du traitement de l’image indispensable (le post-traitement), il faut être conscient que ce dernier peut tout à fait modifier les émotions que nous ressentons devant une image.
Je ne sais pas si je suis bien clair dans cet exposé… Je que je veux dire c’est que je ne ressens pas la même émotion face à chacune de ces deux images. Et c’est de là que provient mon trouble.
Je suis incapable d’affirmer celle que je préfère dans la mesure où je les aime chacune pour des raisons différentes.
Nous faisons tous des photos pour leur pouvoir émotionnel. Une photo qui laisse indifférent est une photo ratée dans la mesure où elle n’atteint pas le spectateur. Rien de pire qu’une photo sur laquelle on passe sans la voir…
L’émotion face à une photo vient de son atmosphère, de l’histoire qu’elle présente, de la curiosité qu’elle suscite… et bien d’autres rapports subjectifs avec le spectateur. C’est parfois peu palpable, juste une impression…
Personne ne vous dira jamais qu’il a été ému aux larmes par vos noirs parfaitement maîtrisés… L’émotion se dégage hors de l’aspect technique (encore faut-il que les défauts techniques restent acceptables).
Alors oui, ces deux images ont des défauts… Et pourtant ça fonctionne (au moins pour moi).
Mes émotions en couleur
L’image en couleur m’émeut par l’harmonie des teintes qui mettent en valeur une fin de journée. Elle est coupée en deux à l’horizontal laissant une grande place à l’espace négatif que représente un ciel apaisant.
La partie plus éclairée (par le flash) donne un contraste un peu irréel à la partie basse de l’image avec des verts intenses et… ce trampoline esseulé.
Avec la couleur, j’ai tendance à prendre l’image dans sa globalité. Elle m’interroge autant qu’elle m’apaise…
Mes émotions en noir & blanc
En noir & blanc, mon regard n’est pas distrait par le ciel mais directement attiré vers ce trampoline déserté au squelette luisant dans la nuit.
Je suis plus tournée vers une sensation de présence humaine alors qu’il n’y a personne. Mon imaginaire est davantage enclin à divaguer. Je me pose des questions comme : où sont les enfants qui jouent habituellement dans ce trampoline ?
Tutoriel photo : l’importance du post-traitement sur les émotions
Création d’émotions
Ce tutoriel photo a pour vocation de mettre en avant l’importance du post-traitement sur les émotions que votre image va susciter.
Le post-traitement est une étape technique obligée mais elle est à utiliser avec le plus grand soin en fonction de votre intention.
Les lecteurs de cet article ont également consulté : « L’intention photographique« .
Nous avons vu ici qu’un simple passage de la couleur au noir & blanc peut modifier le ressenti du spectateur.
Après avoir pris ce cliché, j’ai demandé dans mon entourage quelle version leur plaisait le plus. Le verdict tomba : exactement autant de personnes préféraient la version en couleur que celle en noir & blanc.
Pour ma part, je dois avouer, à force de les comparer, que j’ai une petite préférence pour la version noir & blanc qui m’emmène dans un voyage plus « imaginatif« …
Post-traitement et noir & blanc
Le passage de la couleur au noir & blanc implique souvent une lecture de l’image différente car elle ne met pas l’accent sur les mêmes choses.
La couleur distrait l’œil. Le noir & blanc permet en revanche d’aller à l’essentiel de l’émotion. C’est en tout cas mon avis. Mais attention, cela ne veut toutefois pas dire qu’en passant n’importe quelle photo en noir & blanc l’émotion va naître comme par magie…
« La couleur transforme le message. Tandis que le noir et blanc est une abstraction. L’ensemble de l’image se transforme en une gamme de gris, et là on peut vraiment dire quelque chose »
Sebastião SALGADO
Ecoutez et inspirez-vous des photographes qui ont fait leurs preuves. Ils sont toujours de bons conseils…
Prenons en exemple la photo suivante afin de mettre en lumière ce qui vient d’être énoncé :
- les couleurs vives de la première photo attirent le regard qui passe du rouge-orange au bleu en un mouvement horizontal de la gauche à la droite et inversement, à plusieurs reprises.
- les dégradés de gris de la seconde image estompent cette accroche des vêtements et le regard se porte alors plus facilement sur ces hommes et leur visage sérieux et fier. Le regard est happé par l’attitude bondissante de l’homme au centre et la force de son visage.


Les émotions sont la raison pour laquelle nous photographions : en ressentir soi-même et en procurer aux autres.
Le post-traitement permet d’affiner notre intention photographique mais il ne fait pas tout. Afin qu’il soit réussi, il doit être appliqué judicieusement.
Autres approches d’un post-traitement « émotionnel »
En vrac et juste à titre d’information, j’ai listé quelques effets de post-traitement qui peuvent donner une atmosphère particulière à votre image et donc une charge émotionnelle différente :
- le vignettage (assombrissement des bords et des angles) : pour attirer l’attention vers le sujet au centre et le mettre en valeur.
- la balance des blancs : en augmentant le curseur vers le rouge-orange vous donnez une atmosphère chaude à l’image ; inversement en l’augmentant vers le bleu l’image devient plus froide. Ce peut être un choix délibéré de ne pas équilibrer la balance des blancs pour créer un ressenti particulier.
- un filtre sépia ou effet pellicule : pour donner un effet rétro à vos images.
- etc…
Post-traitement et émotions pour ce tutoriel photo
Les émotions sont au cœur de notre pratique photo. Et le post-traitement est un passage obligé à la production photographique. Donc faisons en sorte qu’ils s’accorde parfaitement.
Mais le post-traitement n’est en aucun cas un outils à « émotions » ! Si vous-même ne ressentez rien au moment d’appuyer sur le déclencheur, l’émotion ne sera pas au rendez-vous sur l’image.
Effectivement, le ressenti dégagé par les deux versions de la même photo n’est pas le même :
Dans la version couleur, le regard est attiré par les couleurs qui se dégagent de l’ensemble plutôt sombre : le ciel orangé, au niveau de l’horizon, et le vert de l’herbe. La présence du trampoline est secondaire, voire incongrue dans une photo de paysage.
Dans la version noir et blanc, au contraire, c’est le trampoline qui prend la place la plus importante. Ses couleurs claires se dégagent.le paysage disparaît seul la ligne claire du ciel au niveau de l’horizon est distincte.
ta préférence va-t-elle sur le noir & blanc ?
J’ai une petite préférence pour la couleur.