Pourquoi ma photo est-elle floue ?
Une photo floue est une photo ratée ! Impossible de passer là-dessus : c’est direction poubelle sans passer par la case rattrapage. Il est tout à fait inutile de passer par la phase post-traitement. La netteté de l’image est une des notions de base en photographie.
Certains débutants pensent ne pas avoir le matériel adéquat. Ils imaginent avoir fait le mauvais choix à cause du peu de connaissance qu’ils ont en la matière. Ils incriminent alors la qualité de leur appareil photo…
Et bien je suis au regret de leur annoncer que le matériel est très très rarement à la source de leurs déboires et d’images floues…
Mais j’ai aussi une bonne nouvelle : il y a des solutions à vos photos floues. En fait il y a autant de solutions qu’il y a de problèmes… Et çà, c’est plutôt encourageant pour la suite…
Nous allons passer en revue toutes les origines possibles d’une photo floue et les clés qui permettent de passer outre. Car c’est en connaissant le pourquoi qu’il est possible d’apporter une réponse avec le comment. Il est impossible de résoudre le problème si la cause n’est pas clairement identifiée à la base.
D’où l’intérêt d’une autocritique bienveillante de chacune de ses photos… Cette habitude peut s’avérer très constructive…
Le flou de bougé
Le flou de bougé donne une image floue dans sa totalité. Toutes les parties de l’image manquent de netteté.
Si je l’évoque en premier c’est peut-être parce que c’est celui qui vient tout de suite à l’esprit en général. Il est commun mais facilement surmontable.
Les causes du flou de bougé
Le photographe et son manque de stabilité sont à l’origine de ce flou. Il est provoqué par un micro mouvement de l’appareil au moment de la prise de vue.
Trois raisons principales à cela :
- la pression sur le bouton est trop forte au moment d’appuyer sur le déclencheur. Cela induit un mouvement de l’appareil allant du haut vers le bas.
- la stabilité du photographe ou de l’appareil n’est pas assurée au moment de déclencher. Imaginons : le photographe se trouve sur un bateau qui oscille au gré de l’eau ou ses pieds positionnés en dévers glissent le long d’une pente. Ce sont deux exemples au hasard mais vous pouvez facilement être confronté à d’autres causes d’instabilité lors de votre pratique photographique.
- la vitesse d’obturation du diaphragme est vraiment trop basse. Le moindre micro mouvement est alors perceptible sur l’image finale.
Les solutions au flou de bougé
Plusieurs solutions s’offrent à vous pour remédier au flou de bougé :
- avoir une bonne prise en main de votre appareil. Celle-ci vous assure une meilleure stabilité : tenir le boitier de l’appareil de la main droite et soutenir l’objectif par dessous de la main gauche.
- privilégier une position corporelle adéquate : les coudes collés au corps, les pieds légèrement écartés pour parfaire la stabilité générale.
- couper sa respiration à l’instant du déclenchement (si nous voulons vraiment aller dans l’extrême détail).
- stabiliser l’appareil avec un trépied afin qu’il ne bouge pas. Ainsi installé, nous pouvons aussi le coupler avec un déclencheur à distance (filaire ou à télécommande).
- augmenter un peu la vitesse d’obturation pour réduire le temps de pose.
Au sujet de ce dernier point, je vous propose d’appliquer la règle 1 pour 1 : en la suivant, vous pouvez réduire les mauvaises surprises dues au flou. Il est conseillé de choisir une vitesse au moins supérieur à la focale utilisée.
Concrètement et en exemple :
- si vous utilisez un objectif 50mm, ne descendez pas sous 1/50s.
- si vous utilisez un objectif 100mm, ne descendez pas sous 1/100s.
- et ainsi de suite… je pense que vous avez compris la démonstration.
Vous voyez que toutes les sources potentielles de vibrations sont identifiées et gérées avec une bonne position et un peu de technique.
Le flou de mouvement
Ce flou est visible sur une partie seulement de l’image. Celle où un élément du cadre est en mouvement au moment de la prise de vue. Nous nous apercevons que seul l’élément en mouvement apparait flou, le reste de l’image est nette.
Le flou de mouvement peut être une intention artistique du photographe.
Les causes du flou de mouvement
Vitesse d’obturation
Le flou de mouvement est le résultat d’une vitesse d’obturation trop basse. De fait, le mouvement ne peut pas être figé.
Le capteur enregistre plusieurs images dans le laps de temps où entre la lumière. Ces images se « superposent » pour donner, au final, une photo floue.
Il arrive souvent que le photographe joue volontairement avec ce procédé afin de donner une dynamique à l’image.
Le mode Auto
Sachez que le mode de l’appareil choisi peut également être un facteur favorisant ce flou de mouvement. Le mode Auto laisse à l’appareil le choix des réglages. Or lorsque la situation demande un peu de finesse d’exécution, ce mode atteint rapidement ses limites. Son adaptabilité est faible. Il est donc préférable que le photographe reprenne la main.
Mais si vous vous intéressez à la photographie je suis persuadée que vous avez abandonné le mode Auto depuis longtemps !
Les solutions au flou de mouvement
Plusieurs solutions s’offrent à vous si ce flou n’est pas souhaité par le photographe.
Adapter le temps de pose
Il faut augmenter la vitesse d’obturation du diaphragme afin de réduire le temps de pose. Ceci permet de figé le mouvement.
Pour photographier des sujets en mouvement, je vous conseille de ne pas descendre en dessous de 1/300s. Et c’est un minimum qu’il vous faut revoir et adapter en fonction de la vitesse du sujet : plus le sujet est rapide plus le temps de pose doit être court.
Photographier une course hippique ou une course de Formule 1 vous oblige à choisir une vitesse d’obturation différente…
Par contre, cette adaptation de la vitesse d’obturation du diaphragme va impliquer d’autres modification dans vos réglages d’exposition… Il ne faut pas l’oublier ! Vous pouvez consulter l’article sur l’exposition en photographie afin de vous remettre en mémoire les interactions qui existent entre l’ouverture du diaphragme, la vitesse d’obturation et les ISO.
Opter pour le mode Priorité à la Vitesse
En choisissant ce mode (Tv ou S en fonction de la marque), vous prenez la main sur la vitesse d’obturation. Cela signifie que c’est vous, et non plus l’appareil, qui adaptez la vitesse à la situation ; ici la vitesse de mouvement des éléments qui composent le cadre.
Et rappelez-vous de la règle 1 pour 1 vue plus tôt dans cet article…
Le flou par manque de luminosité
Si la source de lumière est trop faible, la photo risque d’être floue en totalité.
Les causes du flou par manque de lumière
Nous sommes ici dans le cas typique d’un problème d’exposition, base de la photographie. Vont entrer en jeu l’ouverture du diaphragme, la vitesse d’obturation et le réglage des ISO.
Le temps de pose
Afin de faire entrer plus de lumière qui vient toucher le capteur, les réglages en Automatique, par exemple, vont s’affoler et créer des aberrations.
Un temps de pose très long est généralement instauré d’office. Or il est tout à fait impossible de tenir à mains levées son appareil dans ses conditions extrêmes qui se comptent en secondes ! L’image va forcément être floue.
Le réglage des ISO
Mais l’appareil peut également monter les ISO de manières trop intense pour ce qu’il est capable de supporter sans altérer la qualité de l’image. Chaque appareil dispose d’une limite au-delà de laquelle les images apparaissent floues. cette limite se situe en générale bien avant ce qui est inscrit sur la fiche technique de votre appareil.
Faites des essais afin de bien connaitre les « réactions » de votre appareil à la montée en ISO. Vous pouvez ainsi définir une mesure limite à ne pas franchir. Cela vous permettra de gagner du temps et de ne pas rater des images qui vous tiennent à cœur.
Il est toujours plus intéressant de travailler avec le réglage minimum en ISO afin de gagner en qualité d’image.
Une ouverture du diaphragme maximale
Une grande ouverture du diaphragme va certes faire entrer davantage de lumière mais attention car elle va également créer un flou d’arrière-plan. En réduisant la profondeur de champ, la zone de netteté est réduite proportionnellement.
Les solutions au flou du au manque de lumière
C’est un flou qu’il est assez facile à éviter avec deux accessoires communs :
- un trépied pour pouvoir faire des poses longues. J’ai envie de dire aussi longues que nécessaire. En jouant sur la vitesse d’obturation cela laisse la liberté d’utiliser l’ouverture du diaphragme comme vous le souhaitez. Vous contournez ainsi les contraires de profondeurs de champ. Cela vous permet également de ne pas dépasser la limite critique des ISO et de conserver une bonne qualité d’image.
- un flash qui apporte une source de lumière d’appoint. Vous entendez souvent qu’il faut bannir l’utilisation du flash dont la lumière vive « aplatit et écrase » les sujets de façon disgracieuse… Et bien, oui et non… Tout va dépendre de l’utilisation qui en est faite. Employé correctement il constitue une source lumineuse tout à fait acceptable aussi bien de jour qu’en atmosphère sombre. De jour, il va « déboucher » les ombres.
Je vous propose un truc en plus. En basse lumière la mise au point peut être difficile à faire. Chercher du contraste pour aider l’autofocus de l’objectif à faire sa mise en point.
Le flou de mise au point
Il intervient lorsque la mise au point n’a pas été faite au bon endroit. En général, le sujet de l’image est flou alors qu’une autre partie est nette. C’est le résultat d’une erreur et/ou un manque de maitrise de technique lors de la mise au point.
Les causes de flou de mise au point
Seulement deux raisons sont à l’origine de ce flou ; si nous oublions bien sûr la précipitation, ennemie jurée de la photographie.
La méconnaissance de son matériel
Il est indispensable et primordial de connaitre parfaitement son appareil photo numérique. Je ne le répèterai jamais assez. Afin de bien prendre en main votre appareil, lisez et relisez le mode d’emploi. Et s’il n’est pas fourni lors de votre achat ou si vous l’avez égaré, récupérez-le sur internet. Ce lien vous mène directement vers les modes d’emploi d’une multitude d’appareils photo, de marques différentes, argentiques ou numériques. Plus d’excuses !
Il faut savoir que le système de mise au point activé par défaut sur votre appareil, One Shot chez Canon et AF-S chez Nikon, n’est pas le seul disponible.
Il existe le réglage AI-Servo pour Canon et AF-C pour Nikon qui permettent à l’autofocus d’ajuster la mise au point en continue sur un sujet en mouvement identifié. La précision et la netteté sont alors parfaites.
Le système de mise au point activé par défaut vous le connaissez bien pour l’utiliser au quotidien. Vous appuyez sur le déclencheur jusqu’à mi-course et la mise au point s’effectue sur un élément donné. Vous pouvez, sans relâcher le bouton, recadrer votre image et conserver la netteté là où la mise au point a été réalisée.
La mauvaise gestion des collimateurs
Les collimateurs sont ces petits rectangles ou carrés que vous pouvez apercevoir dans votre viseur. Ils matérialisent les zones d’action de l’autofocus. Leur nombre et leur place varient en fonction du matériel utilisé.
Un collimateur devient rouge afin de signifier où se fait la mise au point.
Les collimateurs horizontaux font la mise au point sur les sujet verticaux… et oui c’est l’inverse de la logique [pourquoi simplifier les choses quand on peut les rendre bien plus complexes ;-)]. Et vous l’avez compris les collimateurs verticaux font la mise au point sur les sujets horizontaux.
Et le collimateur carré du centre me direz-vous ? C’est un mix des deux. Il est de fait plus précis, efficace et rapide car il regroupe les deux types de mises au point. Certains appareils photo haut de gamme ne disposent que de collimateurs carrés et en grand nombre.
Le photographe peut aussi choisir manuellement les collimateurs auxquels il souhaite recourir. Là, toujours pareil, consultez votre mode d’emploi.
Les solutions au flou de mise au point
Il va s’agir essentiellement d’une bonne connaissance de votre matériel.
Faites le choix du mode d’autofocus utilisé en fonction du sujet :
- en mouvement rapide : Al-Servo ou AF-C
- en léger mouvement : One Shot ou AF-S
Et pourquoi ne pas décider de prendre la main sur les collimateurs en sollicitant ceux qui sont placés exactement sur la zone que vous souhaitez la plus nette…
Le flou de profondeur de champ
Nous l’avons déjà évoquée précédemment. C’est le flou qui apparait à l’arrière-plan, mais aussi au premier plan.
Les causes du flou de profondeur de champ
Ce flou très significatif apparait lors d’un réglage très particulier : une grande ouverture de diaphragme (soit f/2.8, par exemple).
Ce réglage peut être utilisé lorsque nous voulons faire entrer un maximum de lumière, en atmosphère sombre. Mais la contre-partie est une réduction de la profondeur de champ associée à une zone de netteté également plus restreinte, tout proche du sujet sur lequel la mise au point a été faite.
C’est le résultat, le plus souvent, d’une réelle volonté du photographe, de réduire la profondeur de champ.
La solution au flou de profondeur de champ
Réduire l’ouverture du diaphragme rend de la netteté à l’ensemble de l’image de manière proportionnelle.
Ce flou a la particularité d’être le plus souvent un flou intentionnel. Il résulte d’une technique travaillée.
Le flou d’optique
Une certaine perte de netteté peut provenir de l’utilisation d’un zoom à longue focale. Il existe une réelle perte de résolution créant un léger flou.
Les causes du flou d’optique
Elles peuvent avoir deux origines :
- une qualité moyenne de l’optique
- un optique pas tout à fait propre ou un filtre également sale
Les solutions du flou d’optique
Vous l’avez compris, du matériel de qualité est toujours plus performant… Je pense que vous vous en doutiez sinon comment justifier la différence de prix entre deux optiques « apparemment » identiques pour le néophyte : le Canon 70-300 mm / F 4.0-5.6 EF IS USM II Objectifs et le Tamron Objectif AF 70-300mm F/4-5,6 Di LD IF Macro 1/2 – Monture Canon
Cependant, à moins que vous fassiez de la photographie votre profession, les débutants ne seront pas limités par la qualité de leur matériel avant beaucoup de temps et de pratique. Ne pensez pas que le matériel fait tout ! C’est une grossière erreur.
Donnez un compact à Gregory CREWDSON et voyez ce qui en ressort. Donnez un EOS 1DX à un débutant et que croyez-vous en tirer ?
Pourtant il existe une règle afin d’utiliser au mieux votre objectif et photographier à son ouverture la plus nette :
- repérer l’ouverture maximale du diaphragme (par exemple f/2.8)
- ajouter 2 « crans », soit fermer de 2 mesures le diaphragme (par exemple f/5.6 et f/8)
Alors ? Plus jamais de photo floue ?
Donc nous venons de voir ensemble les nombreuses raisons qui peuvent expliquer une photo floue et les tout aussi nombreuses solutions pour y remédier.
De la technique au matériel, en passant par la maitrise des bases de la photographie, de multiples points ont été abordés. Maintenant il ne vous reste plus qu’à pratiquer encore et encore car c’est là que réside le meilleur conseil.
La photographie est un art qui se pratique au quotidien. C’est l’accumulation des expériences et des situations inhabituelles qui vous font progresser.
Alors, shootez ! Shootez ! Shootez !