Ara Güler est un photographe qui a marqué son époque et son pays. Photojournaliste et humaniste, il a beaucoup photographier sa ville natale : son évolution à travers les années, ses habitants, ses artisans et commerçants… Ceci lui a d’ailleurs valu son surnom : « l’œil d’Istanbul ».
J’ai découvert l’oeuvre de ce grand photographe qu’est Ara Güler que très récemment. Il fait parti de cette lignée de photographes qui transcrivent avec talent leur ville et ceux qui y vivent, comme Henri Cartier-Bresson qu’il a rencontré et dont il a fait le portrait. Il était également un grand portraitiste.
Ara Güler : biographie
Le photographe est né en 1928 à Constantinople et il est décédé dans la même ville, portant alors le nom d’Istanbul, à 90 ans, en octobre 2018.
Son père, immigré arménien, adopte le nom turc de Güler à la place de son patronyme d’origine Derderian.
Sa carrière commence lorsqu’il a 22 ans. Il est engagé comme photo-reporter au journal Yeni Istanbul alors qu’il est encore étudiant en économie.
En 1958, le Time ouvre un bureau en Turquie. Ara Güler devient le premier correspondant au Proche-Orient pour ce grand magazine. Sa carrière internationale est lancée.
Dans les années 1960, il va publier dans de nombreux magazines à travers le monde. Dès le début de cette décennie, en 1961, il rejoint la célèbre et prestigieuse agence Magnum. Cette même année, la revue anglaise Photography Annual le désigne comme l’un des sept meilleurs photographes au monde.
Durant toute sa longue vie, Ara Güler se considèrera comme un journaliste plutôt qu’un photographe d’art.
Ara Güler et Istanbul
Bien que son métier de photo-reporter lui ait permis de parcourir le monde (Iran, Kazakhstan, Inde, Kenya, Bornéo, Nouvelle-Guinée… pour les plus marquants dans sa carrière), Ara Güler a passé la majeure partie de sa vie à photographier sa ville, Istanbul.
Il a porter son regard sur l’Istanbul du XXème siècle, à travers l’objectif de son appareil photo. Il a arpenté les rues de la vieille ville pendant des décennies.
Les gens
Son oeuvre presque exclusivement en noir & blanc est un témoignage de l’évolution de la ville et de ceux qui la peuplent, lui donnent vie au quotidien.
Il photographie des morceaux de vie dans cette ville en pleine mutation et riche de son histoire et de sa géographie : à cheval entre deux continents que son l’Europe et l’Asie.
Les habitants et les artisans de la ville sont souvent représentés sur ses photos. Son intention photographique semble être de parvenir autant à un témoignage qu’à un hommage pour ces gens qui font de la ville ce qu’elle est.
La ville
Le photographe, par sa grande longévité, témoigne d’une ville qui traverse le temps. Nous pouvons ressentir une certaine nostalgie devant certaine de ses photos qui évoquent un passé révolu mais cependant éternel :
- enfants jouant dans la rue
- anciens parlant sur les pas de porte
- pêcheurs sur le Bosphore
- artisans et commerçants dont les échoppes donnent sur la rue
- passants traversant devant son objectif
Sainte-Sophie
En consultant son oeuvre, il n’est pas rare de voir en arrière plan la silhouette du monument emblématique d’Istanbul : la basilique Sainte-Sophie, joyau de la ville située face à la Mosquée Bleue. Posée sur le point le plus haut d’Istanbul, elle est visible de bien des points de vue. Elle est parfaitement reconnaissable avec son immense dôme (30 mètres de diamètre) et ses quatre minarets.
Ara Güler : portraitiste
Mais il est également un grand portraitiste qui a immortalisé ses célèbres contemporains : photographes, artistes, politiques… la liste est longue.
De Winston Chruchill, en passant par Maria Callas ou Pablo Picasso, l’éventail de ses modèles est large.
Ara Güler est un portraitiste de l’instant qui semble saisir le mouvement. Cela rend ses clichés très naturels, comme pris sur le vif. Je les trouve très intéressant dans la mesure où nous avons presque l’impression d’entrer dans l’intimité du sujet, comme spectateur de la scène.
Le musée Ara Güler
A l’occasion de ses 90 ans, en août 2018, la maison familiale de Galatasaray, héritée de son père et dont il a fait son atelier depuis longtemps, devient un musée pour abriter l’oeuvre du photographe.
Ses archives photographiques, plus de huit cent mille pièces, sont conservées et certaines exposées sur les trois étages de la maison. Outre des photos, des notes du photographe sont préservées ainsi que de nombreux objets lui ayant appartenus.
A retenir sur Ara Güler
A tous ceux qui voudraient réduire son œuvre aux images qu’il a faites de sa ville natale, Istanbul, Ara Güler répond :
Les gens m’appellent le photographe d’Istanbul. Mais je suis un citoyen du monde. Un photographe du monde.
Ara Güler
Même s’il a magnifié, en noir et blanc, les scènes de la vie quotidienne, des pêcheurs du Bosphore aux petits commerçants, son oeuvre est bien plus vaste.
Il est l’observateur d’une société complexe qui évolue dans une ville entre deux continents.
Comme toujours je vous encourage à découvrir l’oeuvre du photographe en étant curieux. Il a publié de nombreux livres emblématiques dont le bien nommé « Istanbul ». Mais une simple recherche Google permet d’entrer dans son univers riche et varié.
Ara Güler est sans conteste un des grands photographes de son époque. Il est de ceux dont le travail guide les photographes à venir et en devenir.
Je le répète souvent, il est primordial d’apprendre et de s’inspirer des grands photographes.