Exposition au MAHJ
Le MAHJ (Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme) organise une exposition du photographe Adolfo Kaminsky afin de rendre hommage à cet homme hors du commun, du 23 mai 2019 au au 19 avril 2020.
Qui est Adolfo Kaminsky ?
Biographie
Il est né en Argentine le 1er octobre 1925, dans une famille juive d’origine russe qui s’installe en France en 1932. Le jeune Adolfo travaille comme apprenti teinturier dès l’âge de quinze ans et apprend les rudiments de la chimie.
Toute la famille est internée à Drancy en octobre 1943. Mais grâce à l’intervention du consulat argentin, il peut quitter le camp trois mois plus tard.
Engagé dans la Résistance à 17 ans, il devient, grâce à ses compétences de chimiste, un expert dans la réalisation de faux papiers. La particularité de ce « faussaire politique » est d’avoir continué cette activité clandestine après la Libération. Adolfo Kaminsky enchaîne plusieurs combats pour la liberté de peuples différents, voire opposés.
Son engagement
Rester éveillé. Le plus longtemps possible. Lutter contre le sommeil. Le calcul est simple. En une heure, je fabrique trente faux papiers. Si je dors une heure, trente personnes mourront…
Adolfo Kaminsky
Le faussaire voit son activité comme une course contre la montre. Il est pris dans un engrenage où des vies dépendent de son travail.
Son engagement politique lui a valu de réaliser des faux papiers partout dans le monde où des conflits menaçaient la sécurité des hommes. Là où se trouvaient des révolutionnaires, Adolfo Kaminsky, surnommé « le technicien » en rapport avec la qualité de ses faux, œuvrait dans l’ombre.
Après la Résistance, il facilite l’émigration juive vers la Palestine de 1946 à 1948.
À la fin des années 50, il s’engage en faveur de la décolonisation de l’Algérie.
A partir de 1963, il œuvre pour les mouvements de libération des pays d’Amérique du Sud (Brésil, argentine, Venezuela, Salvador, Nicaragua, Colombie, Pérou, Urugay, Chili, Mexique, Saint-Domingue, Haïti). Il intervient aussi en Afrique (Guinée-Bissau, Angola, Afrique du Sud pensant l’Apartheid).
Adolfo Kaminsky soutient également les anti-franquistes espagnols et les Grecs en lutte contre la dictature militaire et les résistants sous le régime de Salazar au Portugal.
Il fait aussi des faux papiers pour les déserteurs américains qui ne voulaient pas faire la guerre du Vietnam.
Adolfo Kaminsky acceptera aussi de faire des faux papiers en France, en 1968 pour Daniel Cohn-Bendit afin de lui permettre de prendre la parole lors d’un meeting. Ce dernier est alors interdit d’entrer sur le territoire français.
Ce furent les faux papiers les plus médiatiques et les moins utiles que j’eus à faire de toute ma vie.
Adolfo Kaminsky
Resté fidèle à ses convictions humanistes, il refusera toute collaboration avec les groupes violents qui émergent en Europe dans les années 1970.
Sa vie clandestine
Sa vie de faussaire l’oblige à la plus grande discrétion. Il est conscient que son engagement peu le priver à tout moment de sa liberté.
Durant 30 ans il va produire des faux papiers dans la clandestinité. Cette dernière lui impose de nombreux sacrifices comme nous pouvons l’imaginer.
Adolfo Kaminsky : le photographe
Son style
Dès la Libération, Adolfo Kaminsky va parcourir les rues de Paris et prendre des milliers de photographies. Il fait de certains thèmes, ses sujets de prédilection. Il est ce que nous appellerions aujourd’hui : un photographe de rue.
Quelques thèmes récurrents habitent l’œuvre du photographe :
- les gens normaux dans la rue
- les gens qui pratiquent leur métier
- Pigalle
- les marchés aux Puces
Mais Adolfo Kaminsky va également beaucoup photographier les barbus. Et ce n’est pas anodin. Lorsqu’il était enfermé à Drancy, il a rencontré un couple dont le mari barbu l’a beaucoup ému. Cet homme avait toujours parfaitement taillé sa barbe. Mais la détention avait rendue cette barbe sans soin comme le reflet de la déshumanisation.
Son intention photographique
Adolfo Kaminsky est un faussaire qui vit dans la clandestinité une grande partie de son existence. Son intention à photographier des gens normaux dans leur vie quotidienne relève certainement de cette condition.
Ces gens sont libres sans qu’ils ne s’en rendent vraiment compte. Lui peut perdre sa liberté d’une minute à l’autre du fait de ses activités répréhensibles. La conscience de sa fragile liberté lui fait photographier la liberté des autres.
Une vie exceptionnelle
Si l’histoire de cet homme hors du commun vous intéresse, lisez le livre écrit par sa fille.